samedi 31 janvier 2015

31 janvier – 4 fevrier 2015 : Vers Luang Prabang.

Les vetements en guise de matelas ont assouplis la durete du beton et je me lance plein Ouest avec la volonte de m’arreter d’avantage dans les villages a la recherche d’interactions sociales.

Je fais le tour d’un petit temple bouddhiste sur la route avant de m’arreter dans le village de Ban Nam Chat ou je me promene et rencontre une tripote d’enfants qui jouent dans leur cabane, a s’inventer des histoires. J’ai habituellement du mal a prendre en photo des gens puisque cela peut s’averer impoli voir deplace, mais face a leur joie apparente de poser et de voir les photos par la suite, je me prends au jeu. Certains vont vouloir absolument etre sur les photos tandis que d’autres vont les fuir, malgre tout en rigolant. Ces enfants, pieds nus, aux vetements sales et a la frimousse parfois terreuse sont fascinants. Je les vois intrepides, insoussiants, chaleureux et avec tout cela, respectueux.  Ici, il n’est pas question de caprice pour avoir le dernier jeu video ou les chaussures de telle marque ; et je ne m’exclu pas de la generalisation, c’est une remise en question. A vrai dire, lors de mes 3 mois au Vietnam, j’ai completement perdu l’habitude de voir des caprices. Alors a qui la faute de ces differences de comportement ? L’education, la culture : indubitablement. Le niveau de vie : probablement. La societe, qui chez nous est gavee de luxure et de surconsommation : voila un point interessant.

Cela me fait penser a un camping-car apercu avec surprise a Phonsavan et immatricule en Bretagne. Cette famille a en effet voyage tout du long et je ne peux m’empecher d’imaginer l’enrichissement non seulement culturel mais aussi psychologique pour ces deux enfants d’environ 4 et 6 ans. Voila de quoi en faire des personnes reflechies et tolerantes.

Il n’y a pas de doute, ces petits qui m’accrochent le bras lorsque je leur montre les cliches, redonnent la patate et je peux reprendre la route en quete d’un nouvel abri.

A la sorti d’un petit village charmant, un beau point de vue me permet de reperer sur une colline des petits abris comme on en voit partout. Sejourner 2 nuits dans l’un d’entres eux serait parfait.

En fin d’apres midi, le campement est installe et le feu prêt a etre allume. Je dois juste redoubler de prudence car sans compter la composition de l’abri, il y a surtout un gros tas de paille juste a cote dont je me sers d’ailleurs pour confectionner un bon matelas. Ce soir, j’eteindrai le feu avant de m’endormir.

Dans la soiree, alors déjà couche, des chasseurs viennent me mettre leur lampe frontale dans le visage et en me disant quelque chose que je ne comprends pas bien sur, mais pas pour me souhaiter une bonne nuit. Ils restent alors juste a cote pendant facilement 30 minutes a discuter, tandis que j’essais de retrouver le sommeil.

A 7h de ce 1er fevrier, je suis reveille a nouveau par 6 ou 8 chasseurs (les memes ?). Je me montre alors sympathique en me disant qu’ils ne sont que de passage. Les minutes passent et ils ne decampent pas. Je me suis fait au cote decontracte des gens ici mais c’est quand l’un d’entre eux me demande s’il peut voir mon passeport que j’ai la sensation que la tournure change. Comme je n’ai rien a me reprocher et qu’afficher un blocage n’irait pas dans mon sens, je lui tends. Peu apres, des coups de fil sont emis et je me sens concerne.

Pendant 2h30 je reste entoure et tout ne semble pas couler de source. Un premier doublet de policiers debarque puis, un second. Des notes sont alors prises mentionnant mon nom, mes origines, la plaque d’immatriculation de la moto, mon itineraire et probablement d’autres elements. Tout du long je me demande ou est le probleme mais leur anglais n’est pas suffisant pour me repondre. Alors je bois mon cafe dans un cul de bouteille en plastique en restant tranquille, meme lorsque l’un des officiers procede a la fouille de mon sac comme jamais depuis 6 mois.

En fait cela m’irait tres bien s’ils me disaient juste que cette cabane est prive ou n’importe quelle autre raison a cet interrogatoire champetre, alors que certains on des fusils a baïonnette a l’epaule et d’autres des fusils automatiques.

Finalement, je suis prie de quitter les lieux sur le champ, ce qui m’arrange apres un tel accueil. Au moins, personne ne m’aura demande d’argent. Seul un des derniers officiers me demandera avec un grand sourire si un vetement technique puis mon manteau sont pour lui. Mais tu peux toujours courir mon vieux, ai-je en tete. Je fais juste mine de rigoler en refutant.

Quelle drole d’experience, me dis-je sur la moto. Mais le fait est la, je ne peux me permettre de dormir en hotel pendant 1 mois, alors je serai desormais plus discret encore mais je continuerai de dormir a la belle etoile.

A Muang Phu Khun, a l’heure du dejeuner, je m’installe dans un petit restaurant locale a la table d’un couple Belge, a moto pour la semaine. Je leur conseil alors l’auberge ou j’etais a Phonsavan ainsi que la cascade, avec croquis a l’appui pour la trouver. De leur part, je recois des informations quant a une autre cascade dans la region de Luang Prabang. L’entre-aide entre voyageurs est telle une institution.

A present dans un « grand village » je passe l’apres midi a ecrire sur la terrasse d’un petit hotel ou une belle vue sur la vallee aide a l’inspiration.

A 17h, alors qu’il est temps d’aller camper, je ne resiste pas a assister a une partie de petanque au bar d’en face, et croyez moi, ils ont tout de bons joueurs assidus. La cordelette, la biere, ca tire, ca pointe, ca titille le cochonnet, et un point est un point ! On se croirait chez soit. Quand l’un d’eux me tend un verre, je pause mon sac, ce qui veut dire : le campement viendra plus tard, je suis parti pour rester un certain moment ici. Je les observe donc finir leur partie alors que nous echangeons tres legerement en anglais mais j’en profite pour m’initier d’avantage au Laotien. Il serait surtout tres amusant de connaitre le vocabulaire de la petanque que je pourrais ressortir a bien des reprises. C’est en effet et curieusement un sport (oui oui !) tres populaire au Laos.

OK les copains ! C’est bien joli de remplir mon verre des qu’il se vide mais j’ai le poigne qui me demange a vous regarder ! Je prends donc part a une doublette, tres excite mais surtout avec la pression de la petanque Francaise et Belge sur les epaules. De temps en temps, mon partenaire et moi-même nous retrouvons autour du cochonnet pour se concerter, on tire ou on pointe ? C’est alors que rapidement nous adoptons le « Boom » lorsqu’il faut tirer, role que j’ai l’honneur de recevoir rapidement. « Boom Francois ! » dit-il, voila que nous nous comprenons. La nuit tombe, les bieres aussi et nous voila a gagner nos deux parties. Je les laisse alors jouer la derniere ensemble puis, avec un petit coup dans le nez, tout le monde rentre chez soit.

Par  chance je trouve 50m plus loin un terrain vague ou je m’installe directement a l’essentiel mais 1 ou 2h plus tard, mon duvet est déjà assez humide a l’exterieur. Je n’ai pour l’instant pas froid mais toute la nuit ainsi ne serait pas une bonne idee et c’est a la lumiere de la lune que j’installe la bache en biais, de la moto au sol.

En fait, le but est ici de gagner du temps sur le programme d’Alex et Clemence rencontre a Phonsavan. Ils sont actuellement a Vientiane et j’aimerais beaucoup les recroiser dans quelques jours a Luang Prabang. C’est ainsi que le 2 fervrier, je commence par le petit dejeuner local, a savoir le pho. Ce plat tres present aussi au Vietnam est une soupe de nouille avec morceaux de viande et legumes qu’on agremente a notre guise de menthe, sauce pimentee, et j’en passe. C’est, lorsqu’il est bien prepare, delicieux. Je retourne ensuite sur la meme terrasse qu’hier pour ecrire encore et regarder la serie de Africa Trek, partage par mon couple d’ami. Je me rends compte d’ailleurs que je commence a me comparer a ces grands aventuriers.  Je reste bien sur qu’un modeste voyageur mais ce genre d’aventure me tire de l’avant. L’idee d’atteindre peut etre un jour le cercle des explorateurs francais est une grande motivation pour perdurer dans les experiences de voyage profond.

Le soir meme je retourne a mon precedent lieu de bivouac, j’ai beau dormir sur du dur, je suis a l’ecart et je sais déjà combien de temps je mettrai pour etre couche.

Le lendemain matin je recommence le meme scenario mais je ne suis alors plus invite a rester sur la terrasse de cet hotel. Il manque surtout un bar pour la part de consommation. Alors je me remet en route doucement jusqu'à Ban Namming, a mi route pour Luang Prabang, ou apres avoir assiste a une partie de petanque d’un groupe de policier visiblement tres decontracte, je trouve un coin tranquille pour camper. Notons que juste avant, j’ai roule sur un petit serpent noir raye vert qui me fais enfin prendre conscience de l’hostilite de la brousse ici. Je dors heureusement cette fois ci en hamac sous bananiers et autres arbres pourvus de grosses feuilles mortes qui, en s’entrechoquant par la brise, emet un son inhabituellement grave. Cette atmosphere de jungle s’accentuera desormais en descendant des hauteurs.

Dans la soiree, alors que je prepare mon diner nouilles œufs (encore et toujours) toutes mes pensees vont a Julien, un cuistot Belge rencontre en Mongolie, revu en Chine puis au Vietnam ; lui qui s’avait rendre une gamelle delicieuse en y ajoutant de simples epices et condiments. Ce soir, j’ai de l’ail et la saveur de mon plat est déjà meilleure. Merci l’ami !

En ce 4 fevrier matin, j’arrive a Luang Prabang sous un soleil radieux et une chaleur qui me change ! Il y a en effet 2 semaines, les temperatures n’excedaient pas les 8 degres dans ma chambre a Sapa.

lundi 26 janvier 2015

26-30 janvier 2015 : Phonsavan, region minee

Le but est ici de faire une pause « electrique et internet » de deux nuits afin de reprendre mes ecrits des cet apres midi dans un bar. C’est ici que je rencontre assez vite Alex et Clemence, un couple francais qui debarquent tout juste en ville. Déjà nous discutons de nos itineraires de voyage mutuels. Lui informaticien et elle teinturiere dans la haute couture, sont en Asie pour 7 mois et peuvent déjà me donner de bon plans en Thailande et au Cambodge.

Nous nous recroisons dans la soiree et ils me proposent une biere et un diner qui ne se refuse pas. Nous papotons alors tout du long, jusqu’au debat politique et nos ressentis quand a l’attentat de Charlie Ebdo. La soiree et alors delicieuse, comme si nous nous connaissions depuis toujours, et nous en venons a prevoir une petite visite des alentours a moto pour le lendemain.

27 janvier, 9h du matin, la moto est loue pour mes compagnons. Nous partons a la recherche d’une cascade a 30km de Phonsavan, pres de Ban Thachuk et qui, d’apres les infos du patron de mon auberge, n’est pas facile a trouver mais vaut vraiment le detour.

Mais alors que nous quittons la portion de route, nous ne parvenons pas a trouver la bonne piste en terre batue si bien que nous arrivons en fond de vallee dans un village pour le moins authentique et ou nous recoltons quelques informations a contre sens. En remontant, la moto louee d’Alex et Clemence se montre tres capricieuse, deraille et devient problematique ne serait ce que pour le retour a Phonsavan. Et finalement heureusement puisqu’ils decouvrent, sur la route d’un garage, un panneau que nous n’avions pas remarque a l’alle. Nous voila reparti sur une nouvelle piste. Mais une fois de plus nous loupons le sentier en faisant un nouveau petit detour.

Apres 4 ou 5h de recherche, parfois meme a l’oreille, nous nous retrouvons face a la plus belle cascade que nous ayons vu, accentuee par son isolement en foret. Un site digne de reportage TV et semble meme artificiel avec un gout de Central Parc ou autre. Mais comme site dans l’intitule, la region a été tellement bombardee et minee pendant 9 ans par les americains que nous ne nous ecartons pas des sentiers et en prenant garde malgre tout de la ou nous posons les pieds. Il y a des pays ou on regarde le sol en guettant les crottes de chien, ici ce sont les mines… Imaginez donc les paysants jouer a la roulette russe toute leur vie pour chaque pas qu’ils font, limitant de ce fait l’exploitation agricole.

A present, il se fait tard. Juste le temps de sortir les bieres que j’avais garde en surprise et nous devons nous mettre sur la route du retour, malgre tout ravi de notre decouverte. Si bien que nous decidons de revenir demain avec un pic nique.

Notre soiree se deroule ensuite dans un bar resto alors qu’une fois de plus, je crains de prendre encore du retard sur ce blog. Mais c’est ainsi, je prefere les chouettes rencontres et experiences plutôt que de rester assis a taper devant mon ecran. Meme si ca en fait d’avantage a raconter du coup. Que la vie de voyageur est difficile…

Le lendemain matin je commence par aller visiter le UXO (UneXployed Ordnance) Survivor Center puis le MAG (Mine Action Group) qui permettent a eux deux de se rendre compte de la gravite de la situation ici. Voici quelques donnees indicatives (sources : http://www.nra.gov.la) :
  • -          Le Laos est le pays au monde ayant été le plus bombarde.
  • -          270 million de bombes larguees lors de 580.000 missions soit une mission chaque 8 minutes pendant 9 ans (1964 – 1973).
  • -          30% des bombes ont failli et 25% des villages Laotiens  en sont toujours contamines, ayant fait 20.000 victimes depuis la fin du conflit.
  • -          Sur les 50.000 victimes touchees entre 1964 et 2008, 60% sont mort, 23% etaient des enfants.

Je me rend alors compte de la chance que j’ai eu de pouvoir courir sans risque a travers champs et forets etant petit. Jamais je n’aurais pu imaginer un tel danger aussi vicieux et auxquels les enfants sont totalement exposes. Me rendre utile dans ce projet de deminage, meme sans etre en contact direct avec les explosifs (en ayant qu’un role administratif par exemple) serait alors un honneur et me responsabiliserait en tant qu’etre humain. Je fais ici reference a la responsabilite dont J-P Sartre illustre parfaitement : « Je porte la responsabilite de choix qui en m’engageants, engagent aussi l’humanite entiere ». Peu importe que ce soit pour deminer un pays, aider un aveugle a traverser une rue, ou simplement de parcourir 20m de plus en ville pour aller jeter un détritus a la poubelle. Rendons-nous a l’evidence, nous ne serons jamais parfait (je pollue moi-même en circulant a moto) mais un petit pas en avant vaut mieux que de rester stationnaire. Alors ayant toute conscience des risques potentiels, je propose a la fin de la visite mes services volontaires a un membre du MAG. Mais, a premiere vue, il semble ne pas y avoir de place pour de la main d’œuvre inexperimentee. Il faut dire que j’en suis reste aux pétards dans les bouses de vaches…

Je retrouve ensuite mon gentil couple alors qu’ils ne sont toujours pas munis d’une vraie Honda Wave dont ils me ventent toujours les merites. C’est vrai qu’on la retrouve partout, a la fois sur route que sur les pires chemins escarpes de montagne.

Nous rejoignons donc la cascade, cette fois ci sans difficultes et ne tardons pas pour nous mettre a l’eau et decouvrir ses vasques amonts. Quel cadre incroyable ! Une seance photo est inevitable et j’en profite meme pour construire un moulin a eau uniquement a base de bambou et qui tiendra jusqu'à la prochaine pluie.

Une fois encore la fausse Honda Wave pose de serieux problemes et le retour doit se faire doucement. Mais Alex et Clemence ne se decouragent toujours pas puisque, le 29 janvier nous partons cette fois ci vers l’ancienne capitale (actuellement Muang Khun) dont il ne faut en fait pas s’attendre a un beau site archeologique mais principalement a une grande et tres ancienne stupa couverte de vegetation.

La region de Phonsavan etant reputee pour ses sites de jars mysterieuses, nous nous y rendons a mi route sur le retour et finalement, cela vaut quand meme le detour, aussi pour le panorama qu’on y trouve (Site 2) sur ce qui semble etre un grand plateau de montagnes assez arides. Aussi, des signalisations mettent en garde. Le site n’a été netoye d’explosifs qu’en parti et il ne faut donc pas sortir des sentiers balises par le MAG, chose plutôt cocasse sur un site touristique. Le comble reste sans doute le terrain de petanque entre le guichet et le restaurant. Une boule perdue pourrait s’averer etre une mine antipersonnel. Quoiqu’il en soit, nous nous ne pouvons passer devant ce terrain quasi homologue sans faire une partie. Ma premiere petanque depuis 6 mois ! Mon cœur en palpiterait presque de bonheur si Alex et Clemence ne me mettaient  pas un joli  13 – 3 dans les dents.

Le soir meme, mes amis partent en bus pour Ventiane, la capitale du Laos, tandis que je dois toujours garder une journee off pour ecrire. De retour dans mon cabanon, je retrouve cette baisse de morale qui m’atteint de temps en temps, j’aime plus que tout mon independance mais les rencontres qui en vallent le coup sur la route reste un luxe. Il me faut alors reprendre mes esprits compte tenu de la chance que j’ai d’etre ici et la, a l’autre bout du Monde et qu’il est de mon devoir de le savourer purement, comme un hommage a mes reves d’adolescent. Et puis, ces moments ont en realite tout de naturel je pense. Qui pourrait garder un moral enthousiaste tout le long d’un tel voyage ? Une nuit de sommeil me remettra dans la bonne voie.

Le 30 janvier, mon but est simplement d’ecrire ma route de Sapa jusqu’ici, ce que je reussi mais une nouvelle problematique me vient. Le niveau de vie au Laos est plus eleve que lors de mes 3 derniers mois au Vietnam et si cela continue, je ne pourrais me permettre d’autres crapahutages a la fin de ma boucle prevue mi juin, pourvu juste que je puisse revenir enseigner a Sapa. Mon projet d’aller travailler via Working Holiday en Nouvelle-Zelande pour 1 an m’excite toujours autant, mais je dois avouer que la vie au Vietnam, et globalement en Asie du Sud-Est (comme je peux l’imaginer pour l’instant), me plait beaucoup. Je verrai petit a petit, mais je dois continuer de dormir dehors le plus souvent possible. Apres tout, je reste dans mes estimatifs initiaux quant au temps passe a vivre sur mes economies, meme si j’ai eu l’occasion de renflouer legerement mes caisses au Vietnam via un travail d’assistant dans une ecole privee de Lao Cai, a 40 km de Sapa.

Pour aujourd’hui une nuit a quelques kilometres a l’ecart de Phonsavan sera suffisant. Je souhaiterais en effet passer mon anniversaire a Luang Prabang le 6 fevrier, donc je ne dois pas avancer trop vite afin d’y limiter mes nuits en auberge sachant que le trajet pourrait se faire tranquillement en une journee et demi.

Je reprends donc la route en fin de journee et choisi de dormir dans une maison abandonne a 50m de la route principale. A premiere vue, elle a tout de glauque avec ses tags, son reste de pneu brule et ses bouses de vaches, mais au moins je suis a l’abri, je n’ai pas a mettre en place ma bache servant de tente et personne n’y viendra, justement par son cote inhospitalier. En fait, apres un coup de menage, je n’y suis pas si mal et j’y regarde meme le vieux film « A bout de souffle » avec Jean-Claude Belmondo.

vendredi 23 janvier 2015

23-26 Janvier 2015 : Premiers pas au Laos


Tranquillement installe, je passe ma journee du 23 en recuperation de ces 3 derniers jours de route intensifs. La moto, elle aussi en a besoin. Je peux alors prendre a nouveau le temps de penser, tout simplement et dans un cadre relaxant. Mes cheveux devenant longs, j’en profite aussi pour me faire un bandeau avec des chutes de tissus recuperees a l’atelier d’artisanat de l’organisme pour lequel je travaillais a Sapa.

Plusieurs pecheurs se succedent aussi le long de la riviere que ce soit au filet circulaire qu’ils lancent majestueusement, au fusil harpon artisanal ou, pour les femmes et les enfants, avec un filet  plongeant dans un cadre en bois qu’ils utilisent en grattant le sol. Toujours en remontant le courant, ils m’observent curieux, alors pour m’identifier comme un gentil, je les salue par un « Sabaidii ! », qu’ils me renvoient alors avec le meme sourire.

Le soir, un homme vient s’installer gentiellement autour du feu et ne cesse de me parler en Laotien. Je lui fais savoir de temps en temps que je ne comprends pas, sans que ca ne le decourage a chaque fois. Plus tard, et bien sur sans transition comprehensible, il me fait un signe de l’index passant entre le pouce et l’index de l’autre main, signifiant pour moi le coit. Je me percoit alors qu’il veut parler d’autre chose et fait mine de ne pas comprendre, malgre tout perplexe entre amuse et inquiet. Puis ce curieux monsieur s’en va et reviens 15 minutes plus tard alors qu’au meme moment, 3 jeunes femmes remontent le courant en pechant a la frontale. Ce qui devait arriver arriva alors. Il me montre alors les femmes en faisant a nouveau son geste. Oh non ! La ca devient vraiment farfelu ! Non merci mon vieux, lui fais-je comprendre en souriant.

Le 24 janvier, je reprends la route tranquillement vers Xamnua que je passe en debut d’apres midi. Les villages traverses sont tous remarquables par leurs maisons en bois et construites sur pilotis. De temps en temps se trouvent dessous des metiers a tisse sur lesquels des femmes s’y emploi energiquement.

Je remarque qu’ici les hommes mais surtout les femmes portent de temps en temps des shorts ou des robes laissant apparaitre les jambes alors que cela est tres peu rependu au Vietnam et peut meme etre percu comme de l’indecence. Ici donc, les femmes portent frequemment une sorte de long tailleur droit et orne d’une frise brode ou d’une bande de couleur differente dans la partie basse. Cela fait aussi parti de l’uniforme des ecolieres, noir avec une large bande blanche.

Cette region du Laos, decrite par les habitants comme « Une journee d’un million de virages », n’est pas un legende. En une journee, le nombre de portions de route droite superieure a 50m est quasi nul. Mais j’avance bien malgre tout, ne cherchant desormais plus la vitesse mais de m’absorber de l’environnement. 

Si bien qu’a 15h30 je trouve une petite vallee qui m’inspire pour mon prochain bivouac. Il est tres tot mais le temps d’installer le campement et de preparer le feu, les cimes auront peut etre déjà englouti le soleil. C’est un veritable effort pour moi de prendre mon temps sur la route. J’ai tres souvent eu des delais serres en autostop m’obligeant a etre actif tout le jour durant, voir d’avantage. Mais si je garde le meme rythme, j’arriverai en Thailande dans une semaine.

Pour ce qui est du paysage, il se resume a une infinite de montagnes moyennes et couvertes d’une dense vegetation et de forets, similaires au Vietnam meme si le climat est déjà beaucoup plus aride. Et pour mon plus grand plaisir, la route serpente de vallees en cols, et de cols en arretes. Notons qu’ici, comme sur les altitudes moderees du Vietnam, les rizieres se trouvent uniquement en fond de vallees et sur de biens plus grands terrasses. En opposition, les rizieres de la region de Sapa ainsi que probablement le Nord-Est du Vietnam, sont sculptees a flanc de montagne en plus des vallees. Celles-ci etant parfois etroites j’imagine que les cultivateurs (en fait, quasi toutes les familles), n’ont pas le choix d’empieter sur le relief pour produire assez de riz. Il faut aussi savoir que, selon le climat des regions, les rizieres sont reutilises apres la recoltes (Septembre) pour d’autres cereales ou legumes. Incroyable tout ce qu’il y a dire sur la culture du riz ! Savez-vous qu’il y a meme 5 facons de dire « riz » en vietnamien simplement en fonction de son etat (grains de riz, non decortique, decortique, gluant et cuit).

Mais revenons a nos moutons. Grace aux rizieres assechees a quelques metres de mon bivouac, je recupere la paille pour m’en faire un matelat, donnant un air de luxe a ma nuit approchante. Parallelement a l’allumage du feu, je commence la preparation du repas avec des nouilles authentiques, 2 œufs et un oignon, si bien que ma gamelle n’est pas assez grande. Voila une bien belle portion comme je les aime et couronne d’un ciel etoile majestueux, rien a voir avec celui de nos pays polues de lumieres artificielles.













Au petit matin de ce 25 janvier, le brouillard s’est installe et je dois remballer mes affaires meme si en partie humides. Pourtant, en reprenant de l’altitude quelques kilometres plus loin, je sors de cette masse froide et me retrouve de nouveau sous une tempete de bleu.

Au niveau de Nam Noen, je profite d’une pause dans un garage pour re-ajuster la tension de la chaine, et finalement reparer mon compteur.

Plus tard encore, je m’arrete dans un petit village pour en faire le tour. Les habitants surpris de me voir ici, continuent globalement de me saluer avec le sourire.















En redescendant du massif montagneux a Ban Chonthong, je me retrouve devant une immense plaine, tel un lac borde de montagnes. Je dois alors traverser cette zone avant de rejoindre le massif d’en face. J’y fais d’abord une pause biere dans un bar local en plein air avant de chercher encore un coin ou passer la nuit. C’est finalement dans un refuge pour « voyageurs » que je m’installe. Je m’asiatise de plus en plus surtout qu’il me reste des nouilles pour le menu !


 











C’est alors le 26 janvier que j’arrive sans me rendre compte a Phonsavan vers 10h du matin. J’estimais en effet avoir a rouler d’avantage mais par chance, le nom d’auberges et restaurants prealablement reperes dans le Lonely Planet, m’ont interpelle.

Je peux alors m’installer dans une auberge familiale (que je recommande : Kong Keo) ou je commence par prendre une bonne douche avant de m’appreter a visiter la ville et la region.