Je savoure alors un dernier instant mon matelas et me prépare à quitter l'Allemagne. Je profite d'un internet café pour régler quelques tâches et revoir ma route. Je m'interroge aussi sur la solution du couch surfing à Moscou. Mais le manque d'accès à internet sur la route complique l'organisation. Je m'y prends trop tard et j'apprécie de pouvoir changer mes plans de route facilement. Tant pis, il m'est surement plus simple d'improviser sur place finalement. J'ai tout le confort nécessaire pour dormir dehors et la joie sera d'autant plus grande si une meilleure alternative se presente.
Je prévois alors de traverser la Pologne d'une traite et de faire une halte à Kaunas (Lituanie) pour profiter d'un dernier spot internet avant la Russie. Ayant passé 4 mois de stage à Kaunas en 2011, une sensation de nostalgie et de terres adoptées m'envahie.
Je quitte Dresden sur le coup de 18h avec Martin et Katarina qui feront un double détour pour me déposer sur une station-service au Sud de Berlin sur l'axe pour Warszawa (Pologne), et du bon côté s'il vous plaît ! Le conducteur suivant me fait passer la frontière polonaise et s'arrête brièvement sur une aire pour donner à un ami polonais une liasse de billets pour limiter ses impôts. D'un côté, des billets de 50e et de l'autre 100e, le tout sur 2 ou 3 cm d'épaisseur. Ça commence à faire ! me dis-je. On se croirait dans un film de gangsters ! En effet, Jack a son petit business entre l'Allemagne et la Pologne et je préfère jouer au Corse face à cela : moins tu en sais, mieux tu te portes !
La traversée de la Pologne va plus vite de prévue grâce à un Polonais avec qui je roule 400km de nuit entre Poznan et Ostrow Mazowecka, située à 100 km après Warszawa en direction de la Lituanie. Quelle chance ! C'est la troisième fois que je passe le noeud de Warszawa sans problème ! Sur la route, il m'offre un café et un croissant. Il est vrai que j'ai du mal à rester éveillé et mon Polonais est bien limité pour entretenir une conversation. Va savoir si cela était son intention mais je fais meilleur acte de présence par la suite.
Il me dépose alors sur une petite station-service vers 3h en ce matin du 1er août. Dans la caféteria, la serveuse m'invite gentiment à m'installer à une table, ce que j'exécute avant de dormir quelque temps. Vers 6 h, les routiers commencent à venir prendre leur petit déjeuner. Le peu d'énergie qu'il me reste me cloue à mon siège un bon moment. Mais je ne peux pas en rester là, un grand café et zou ! Je sors et me dirige vers le premier routier que je vois. Je prends 30 secondes pour lui expliquer mon itinéraire et c'est dans la poche ! Il m'emmène à la frontière Lituanienne et m'explique que son collègue qu'il suit va sur Kaunas et qu'il y a moyen de finir avec lui. C'est effectivement ce qui se passe mais la transaction commence par 2 gros cepelinais et une grande bière Tauras brune (délicieuse) offert par mon nouveau conducteur. Quelle belle entrée en Lituanie ! Les cepelinais sont en fait des boulettes de pommes de terre farcies à la viande et servies avec crème et lardons. Leur nom fait d'ailleurs référence aux ballons Zeppelins du fait de leur forme. Je finis tout juste les miens tellement c'est copieux ! Je profite aussi que mon conducteur parle russe pour lui faire traduire un petit texte expliquant ma démarche de querneur de voitures. J'avais déjà demandé des traductions en Allemand, Polonais et Lituanien pendant mes précédent voyages mais à force de traduire des traductions, je ne peux qu'espérer ne parler toujours que de stop !
Nous reprenons la route et les paysages varient de plus en plus. Les étendues de terres сultivées ou non s'agrandissent. Des vaches, chevaux et biquettes, ici et là, broutent non loin de la route, attachés par une corde. On trouve des cigognes dans de nombreux prés et j'apprends qu'elles sont un gage de pureté des sols. Par simple observation, j'en déduis que ça n'a rien à voir avec la culture aux pesticides de nos pays "développés".
Nous arrivons à Kaunas vers 14h (heure locale GMT +3). Je me repère facilement et pour reprendre mes marques convenablement, je me rends dans la vielle ville pour déguster une bière locale dans mon bar favoris, à 20 m de mon ancienne collocation. Je passe ensuite rapidement dans un internet café avant de m'offrir un restaurant déjà validé auparavant. Viens alors l'heure de trouver un coin ou passer la nuit. Mes amis locaux étant absent et les recherches (de dernières minutes) sur couchsurfing n'ayant rien données, je décide finalement de rester dans un coin de la place Soboras, à l'entrée secondaire d'un hôpital. Je découvre une sensation qu'ont probablement les SDF : je ne fais plus parti du même monde que les passants. L'exclusion est bien réelle.
Indubitablement, la nuit est loin d'être reposante tellement elle semble longue et intercallée de quelques heures / minutes (?) de sommeil.
