mercredi 1 avril 2015

1er -5 avril 2015 : Koh Lanta en famille


Depuis la Belgique, il y a 242 jours, je voyage en rasant le sol avec l’avantage de decouvrir ce qui separe deux destinations, mais aujourd’hui, je dois prendre l’avion. C’est bien sur necessaire pour mes parents qui ne restent pas longtemps mais je ressens cela avec une legere amertume en comparant avec le chemin parcouru jusqu’ici. Nous retrouvons donc ma belle sœur Anastasia a l’aeroport de Bangkok avant de nous envoler vers Krabi, sur la peninsule thai, pour rejoindre ensuite l’ile de Koh Lanta.

Voila déjà quelques semaines que je suis surexcite a l’idee de revoir la mer. Je l’ai certe apercu pres de Hai Phong au Vietnam mais sans m’y etre baigne. Il me tarde donc de revoir cette etendue d’eau, semblant infinie. Ce paysage vierge devoilant le plus doux profil de notre ronde Terre.

Arrive a destination, le paysage est deja different, ressemblant d’avantage aux cartes postales a cocotiers. Une fois installe tous les cinq dans une maison un peu isole avec piscine et a 300m de la mer, il ne nous faut pas longtemps pour aller y piquer une tete dans un cadre paradisiaque. Nous savourons ainsi le confort d’un « chez soit » permettant une totale autonomie. Petits dejeuners en terrasse, apero aux vins, ‘tit punchs et saucissons importes… on se croirait a la maison ! Nous louons aussi des scooters permettant de visiter l’ile a notre guise en totale independance.

L’ile peut etre decrite suivant 2 zones, separees par un canal. Plate, avec des mangroves et apparemment pas touristique au Nord-Est ; legerement montagneuse sur la partie allongee du Sud. Cette derniere presente des plages plutôt vaseuses a l’Est tandis que nous trouvons de belles plage de sable a l’Ouest ; ou s’est fatalement developpe le tourisme. A la pointe Sud, un parc naturel abrite une riche vegetation exotique parmi laquelle nous avons la chance d’apercevoir des singes. Sur la cote, des rochers submergees offrent de magnifiques scenes vivantes a decouvrir en snorkeling (plongee avec tuba). La biodiversite marine est en effet remarquable (forcement si on compare avec la Manche…), raison pour laquelle nous reservons une demie journee en mer afin d’y plonger.

Sebastien et Nastya, avec déjà un bon nombre de plongees a leur actif ne necessitent que d’un complement de materiel et d’un plongeur guide. Mes parents en resteront a la formule snorkeling. J’aurais en revanche le privilege de faire un bapteme de plongee ! Oui !! J’aurais droit aux palmes, masque, tuba, la combinaison, la bouteille sur le dos et meme une monitrice rigolote aux jolis yeux bleus !

Deux jours plus tot, je recois donc un manuel d’initiation et un premier briefing sur les techniques de la plongee, les dangers, la communication gestuelle, etc. Entre temps a la maison, nous profitons aussi de la piscine pour desangoisser ma mere a respirer par un tuba. 10 minutes et c’est regle. Incroyable !!

Le jour J, nous sommes tous excite de ce qui nous attend. Je recois alors un second briefing sur le deroulement du bapteme pas a pas. C’est ensuite le moment d’embarquer sur un hors-bord avec l’equipe et un autre couple. Simplement la sortie en bateau est vraiment chouette. Pendant 20 minutes nous voyons Koh Lanta de plus en plus dans son entierete en nous dirigeant vers un petit ilot recence zone protegee.

Une fois arrive les plongeurs s’equipent et se mettent a l’eau un par un, avant que vienne mon tour. Attirail sur le dos et le gilet gonfle, je garde une main sur la ceinture de plomb, l’autre sur le masque. Mais une fois n’est pas coutume, ce n’est non pas en bombe mais par un pas en avant que je me lance a l’eau.

Premiere satisfaction : tout va bien, mon costume d’astronaute me garde a la surface ! Le premier exercice est déjà de respirer par le detendeur. Ah-ah-ah ! Croyez moi, c’est contre nature et cela demande beaucoup de concentration pour y parvenir, meme coache par Sarah ma monitrice !  Les premieres secondes se revelent vraiment difficiles, le but etant bien sur de respirer le plus constamment possible sans vider la bouteille en 5 minutes… Nous sommes tout juste immerge et sentant que je ne suis pas parfaitement serein, Sarah me montre alors l’environnement. Face au spectacle et sans me rendre compte, je trouve alors mon rythme respiratoire. Sous nos pieds et avec une visibilite de 10 ou 15m, la faune et la flore marine bat son plein. Petit, gros, gris, jaune, rouge, raye, inoffensif ou un peu moins, les poissons nous teleportent dans un autre monde, difficilement imaginable depuis la surface.

A present detendu, Sarah me fait passer une serie d’exercices. Tout d’abord, nous descendons un peu plus profondement grace a notre gilet que l’on peut gonfler ou degonfler grace a une manette. Ainsi nous pouvons stagner a une meme profondeur, a condition de ne pas gonfler ou vider excessivement les poumons, combien meme notre « altitude » suivrait.

Je m’excerce donc a la perte du detendeur qui se recupere par un mouvement rotatif du bras droit vers l’arriere, puis par une expiration forte dans celui ci pour enlever l’eau. L’exercice de la vidange du masque s’il contient de l’eau est aussi destabilisant puisqu’il faut expirer par le nez en maintenant le haut du masque plaque. Enfin, en cas de probleme d’air, nous faisons l’exercice du partage du detendeur de secours.

Moi qui pensais y passer un temps fou, il ne nous faut que 5 ou 10 minutes pour regler ca et partir en ballade, toujours a ne communiquer que par gestes codes minimalistes.

Nous plongeons alors sur deux sites autour de l’ilot pendant quasiment 1h chaque fois. Je decouvre alors un univers merveilleux, par l’ecosysteme bien sur mais aussi par l’ambiance qu’il y regne. La notion du temps semble se distordre dans ce silence on ne peut plus apaisant. Le mouvement des poissons en banc, telle l’aura meme de la mer, se revele aussi envoutant qu’insaisissable. D’ici, la surface de l’eau apparait comme un toit, une frontiere entre deux mondes. La texture visqueuse qu’elle genere, refletant a different degre la lumiere du soleil, est a elle seule une merveille de la nature. Enfin, le fait de pouvoir se deplacer en 3 dimensions a tromper les regles de la gravite, me rappel la sensation du vol. Je profite d’ailleurs que Sarah ai le dos tourne pour m’amuser comme un enfant a avancer en vrille.

Pendant ces deux plongees, nous observons une centaine d’especes animales si ce n’est pas beaucoup plus. Je suis d’ailleurs surpris qu’ils ne s’enfuient pas d’avantage en notre presence. Plusieurs murenes restent bien a l’abri dans des rochers a me regarder sans cligner de l’œil. En entrouvrant leur gueule, je peux d’ailleurs voir leurs dents acerees. Rien a voir avec cette tortue que l’on voit debouler lentement dans un coin du masque et que nous suivons du regard par 6m de profondeur. Nul envi de bouger, toute notre attention lui ai dediee. Elle remonte alors a la surface en agitant ses nageoires de la meme manière qu’un oiseau, regarde 3 secondes le temps qu’il fait la haut puis replonge. Voici un moment d’une infinie poesie que je ne suis pas prêt d’oublier.

Quand se termine le bapteme, je sors de l’eau euphorique, souhaitant ni plus ni moins renouveler l’experience. Notons que de retour sur la terre ferme, je garde toute la journee une legere sensation de planer du a l’exces d’azote non evacue dans mon sang, c’est rigolo !

Tout du long, je garde contact avec Alex et Clemence afin de nous retrouver une 5eme fois ! Mon frere ayant oublie de me prendre un billet d’avion retour pour Bangkok (pas si mal finalement !), nous decidons de nous rejoindre dans la region de Krabi le 5 avril, sur un spot d’escalade sur la cote mondialement reconnu.

Ce 5 avril donc, j’accompagne la famille jusque leur hotel pres de l’aeroport de Krabi (vol tres tot) ou je m’emploie a de nouveaux adieux. J’ai l’impression de revivre le meme instant qu’en France, a la difference que j’en sais desormais d’avantage sur cette aventure et les manières de me tirer de situations delicates. Il y a encore moins de raisons de s’inquieter a present, le voyage est mon quotidien ! Je fais finalement 3 fois le tour des bisouilles en sechant les larmes de la maman avant d’atteler de nouveau mes sacs a moi.

Le jour ne va pas tarder a tomber et je ne suis pas sur d’atteindre le petit village de Tonsai perdu dans un cirque montagneux et accessible que par bateau. J’arrive donc a m’entasser dans un minibus déjà quasiment plein jusque Krabi sans savoir vraiment ou se font les correspondances. J’annonce donc juste ma destination finale au chauffeur qui semble avoir eu une journee difficile a en juger son humeur. Je suis donc depose en centre ville juste derriere la navette qui nous conduira a Ao Nang, sur la cote. Il fait a present nuit. Le temps d’attendre que les banquettes se remplissent et nous sommes partis.

Je suis alors tres surpris par Ao Nang, moi qui m’attendais a un moindre tourisme qu’a Koh Lanta, c’est finalement pire. Tout le long de la cote se succedent restaurants, bar, shopping, et les locaux semblent avoir desertes les environs. Alex m’a prevenu que passe 19h, le cout de la navette en bateau explose pouvant passer de 100B a 600B s’il n’y a personne d’autre pour remplir le bateau. Comme il est 20h, je pars dans l’optique de franchir la barriere montagneuse a pied. J’ai en effet lu sur internet qu’il est possible de rejoindre Tonsai a pied via 2h de marche. Mais apres avoir demande confirmation a des masseuses, il semblerait que cela soit possible mais depuis l’Est et non l’Ouest. A vrai dire, je n’y serais meme pas parvenu. Je suis epuise et pas encore remis de la soiree de la veille, alors randonner en pleine jungle montagneuse, de nuit et charge comme trois mules… Il ne fallait meme pas y compter. C’est impressionnant de voir a quel point la fatigue peut tout simplement faire perdre la raison.

Je dors debout. J’ai la possibilite de camper sur la plage tandis que les touristes se promenent a cote, ou tenter le tout pour le tout en cherchant un bateau. Sur la plage, un capitaine m’interpelle et me propose de m’emmener. « C’est 600B sinon il faut attendre 5 autres personnes". Mais vu l’heure, je n’ai pas le temps de jouer au client fidele, alors je pars vers un autre bateau qui me reclame 200B avant de me refuser sans que je ne comprenne pourquoi. Le premier capitaine m’annonce alors que c’est son ami et que si je donne a chacun 100B, je peux monter. C’est le dernier maillon manquant alors ok, j’embarque a bord avec une famille israelienne.

Bon, jusque la vous sentez la filouterie ?! Parce que sur le coup, ca ne me semblais pas si mal… Une fois arrive, je tends donc au capitaine les 100B que j’ai pris soin de totaliser en petite monnaie pour m’alleger. Immediatement, celui-ci s’enerve, reclamant le double et en donnant un coup dans ma main. Aussi, je suis tellement charge et il est si tard que je n’ai pas le choix de prendre avec clemence son chantage de me ramener a Ao Nang si je ne lui donne pas 200B. Je recupere alors quelques 30B qui ne sont pas passe sous le plancher avant de le payer. Chers amis, je viens de me faire arnaque !

Finalement, en pesant les elements, je ne suis pas si mecontent de l’experience. Etant epuise, tard le soir et avec les copains au bout, j’ai de quoi m’estimer heureux de ne payer que 3 fois le prix de la course de jour ! Et puis c’est la premiere duperie depuis 8 mois a voyager alors que j’entends toute sorte d’histoire autour de moi. Disons que c’était le jour de repos de ma bonne etoile.

Je parviens donc a rejoindre Alex et Clemence a leur bungalow tandis qu’ils ne s’attendaient meme plus a me voir ce soir. La cote de 2km pour atteindre la derniere guest house du village aurait en effet pu m’achever.

En transition a la villa tip top deluxe avec piscine de Koh Lanta, je m’autorise un bungalow ; definitivement le dernier du village avant la jungle. Je ne pouvais pas mieux tomber.



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