lundi 26 janvier 2015

26-30 janvier 2015 : Phonsavan, region minee

Le but est ici de faire une pause « electrique et internet » de deux nuits afin de reprendre mes ecrits des cet apres midi dans un bar. C’est ici que je rencontre assez vite Alex et Clemence, un couple francais qui debarquent tout juste en ville. Déjà nous discutons de nos itineraires de voyage mutuels. Lui informaticien et elle teinturiere dans la haute couture, sont en Asie pour 7 mois et peuvent déjà me donner de bon plans en Thailande et au Cambodge.

Nous nous recroisons dans la soiree et ils me proposent une biere et un diner qui ne se refuse pas. Nous papotons alors tout du long, jusqu’au debat politique et nos ressentis quand a l’attentat de Charlie Ebdo. La soiree et alors delicieuse, comme si nous nous connaissions depuis toujours, et nous en venons a prevoir une petite visite des alentours a moto pour le lendemain.

27 janvier, 9h du matin, la moto est loue pour mes compagnons. Nous partons a la recherche d’une cascade a 30km de Phonsavan, pres de Ban Thachuk et qui, d’apres les infos du patron de mon auberge, n’est pas facile a trouver mais vaut vraiment le detour.

Mais alors que nous quittons la portion de route, nous ne parvenons pas a trouver la bonne piste en terre batue si bien que nous arrivons en fond de vallee dans un village pour le moins authentique et ou nous recoltons quelques informations a contre sens. En remontant, la moto louee d’Alex et Clemence se montre tres capricieuse, deraille et devient problematique ne serait ce que pour le retour a Phonsavan. Et finalement heureusement puisqu’ils decouvrent, sur la route d’un garage, un panneau que nous n’avions pas remarque a l’alle. Nous voila reparti sur une nouvelle piste. Mais une fois de plus nous loupons le sentier en faisant un nouveau petit detour.

Apres 4 ou 5h de recherche, parfois meme a l’oreille, nous nous retrouvons face a la plus belle cascade que nous ayons vu, accentuee par son isolement en foret. Un site digne de reportage TV et semble meme artificiel avec un gout de Central Parc ou autre. Mais comme site dans l’intitule, la region a été tellement bombardee et minee pendant 9 ans par les americains que nous ne nous ecartons pas des sentiers et en prenant garde malgre tout de la ou nous posons les pieds. Il y a des pays ou on regarde le sol en guettant les crottes de chien, ici ce sont les mines… Imaginez donc les paysants jouer a la roulette russe toute leur vie pour chaque pas qu’ils font, limitant de ce fait l’exploitation agricole.

A present, il se fait tard. Juste le temps de sortir les bieres que j’avais garde en surprise et nous devons nous mettre sur la route du retour, malgre tout ravi de notre decouverte. Si bien que nous decidons de revenir demain avec un pic nique.

Notre soiree se deroule ensuite dans un bar resto alors qu’une fois de plus, je crains de prendre encore du retard sur ce blog. Mais c’est ainsi, je prefere les chouettes rencontres et experiences plutôt que de rester assis a taper devant mon ecran. Meme si ca en fait d’avantage a raconter du coup. Que la vie de voyageur est difficile…

Le lendemain matin je commence par aller visiter le UXO (UneXployed Ordnance) Survivor Center puis le MAG (Mine Action Group) qui permettent a eux deux de se rendre compte de la gravite de la situation ici. Voici quelques donnees indicatives (sources : http://www.nra.gov.la) :
  • -          Le Laos est le pays au monde ayant été le plus bombarde.
  • -          270 million de bombes larguees lors de 580.000 missions soit une mission chaque 8 minutes pendant 9 ans (1964 – 1973).
  • -          30% des bombes ont failli et 25% des villages Laotiens  en sont toujours contamines, ayant fait 20.000 victimes depuis la fin du conflit.
  • -          Sur les 50.000 victimes touchees entre 1964 et 2008, 60% sont mort, 23% etaient des enfants.

Je me rend alors compte de la chance que j’ai eu de pouvoir courir sans risque a travers champs et forets etant petit. Jamais je n’aurais pu imaginer un tel danger aussi vicieux et auxquels les enfants sont totalement exposes. Me rendre utile dans ce projet de deminage, meme sans etre en contact direct avec les explosifs (en ayant qu’un role administratif par exemple) serait alors un honneur et me responsabiliserait en tant qu’etre humain. Je fais ici reference a la responsabilite dont J-P Sartre illustre parfaitement : « Je porte la responsabilite de choix qui en m’engageants, engagent aussi l’humanite entiere ». Peu importe que ce soit pour deminer un pays, aider un aveugle a traverser une rue, ou simplement de parcourir 20m de plus en ville pour aller jeter un détritus a la poubelle. Rendons-nous a l’evidence, nous ne serons jamais parfait (je pollue moi-même en circulant a moto) mais un petit pas en avant vaut mieux que de rester stationnaire. Alors ayant toute conscience des risques potentiels, je propose a la fin de la visite mes services volontaires a un membre du MAG. Mais, a premiere vue, il semble ne pas y avoir de place pour de la main d’œuvre inexperimentee. Il faut dire que j’en suis reste aux pétards dans les bouses de vaches…

Je retrouve ensuite mon gentil couple alors qu’ils ne sont toujours pas munis d’une vraie Honda Wave dont ils me ventent toujours les merites. C’est vrai qu’on la retrouve partout, a la fois sur route que sur les pires chemins escarpes de montagne.

Nous rejoignons donc la cascade, cette fois ci sans difficultes et ne tardons pas pour nous mettre a l’eau et decouvrir ses vasques amonts. Quel cadre incroyable ! Une seance photo est inevitable et j’en profite meme pour construire un moulin a eau uniquement a base de bambou et qui tiendra jusqu'à la prochaine pluie.

Une fois encore la fausse Honda Wave pose de serieux problemes et le retour doit se faire doucement. Mais Alex et Clemence ne se decouragent toujours pas puisque, le 29 janvier nous partons cette fois ci vers l’ancienne capitale (actuellement Muang Khun) dont il ne faut en fait pas s’attendre a un beau site archeologique mais principalement a une grande et tres ancienne stupa couverte de vegetation.

La region de Phonsavan etant reputee pour ses sites de jars mysterieuses, nous nous y rendons a mi route sur le retour et finalement, cela vaut quand meme le detour, aussi pour le panorama qu’on y trouve (Site 2) sur ce qui semble etre un grand plateau de montagnes assez arides. Aussi, des signalisations mettent en garde. Le site n’a été netoye d’explosifs qu’en parti et il ne faut donc pas sortir des sentiers balises par le MAG, chose plutôt cocasse sur un site touristique. Le comble reste sans doute le terrain de petanque entre le guichet et le restaurant. Une boule perdue pourrait s’averer etre une mine antipersonnel. Quoiqu’il en soit, nous nous ne pouvons passer devant ce terrain quasi homologue sans faire une partie. Ma premiere petanque depuis 6 mois ! Mon cœur en palpiterait presque de bonheur si Alex et Clemence ne me mettaient  pas un joli  13 – 3 dans les dents.

Le soir meme, mes amis partent en bus pour Ventiane, la capitale du Laos, tandis que je dois toujours garder une journee off pour ecrire. De retour dans mon cabanon, je retrouve cette baisse de morale qui m’atteint de temps en temps, j’aime plus que tout mon independance mais les rencontres qui en vallent le coup sur la route reste un luxe. Il me faut alors reprendre mes esprits compte tenu de la chance que j’ai d’etre ici et la, a l’autre bout du Monde et qu’il est de mon devoir de le savourer purement, comme un hommage a mes reves d’adolescent. Et puis, ces moments ont en realite tout de naturel je pense. Qui pourrait garder un moral enthousiaste tout le long d’un tel voyage ? Une nuit de sommeil me remettra dans la bonne voie.

Le 30 janvier, mon but est simplement d’ecrire ma route de Sapa jusqu’ici, ce que je reussi mais une nouvelle problematique me vient. Le niveau de vie au Laos est plus eleve que lors de mes 3 derniers mois au Vietnam et si cela continue, je ne pourrais me permettre d’autres crapahutages a la fin de ma boucle prevue mi juin, pourvu juste que je puisse revenir enseigner a Sapa. Mon projet d’aller travailler via Working Holiday en Nouvelle-Zelande pour 1 an m’excite toujours autant, mais je dois avouer que la vie au Vietnam, et globalement en Asie du Sud-Est (comme je peux l’imaginer pour l’instant), me plait beaucoup. Je verrai petit a petit, mais je dois continuer de dormir dehors le plus souvent possible. Apres tout, je reste dans mes estimatifs initiaux quant au temps passe a vivre sur mes economies, meme si j’ai eu l’occasion de renflouer legerement mes caisses au Vietnam via un travail d’assistant dans une ecole privee de Lao Cai, a 40 km de Sapa.

Pour aujourd’hui une nuit a quelques kilometres a l’ecart de Phonsavan sera suffisant. Je souhaiterais en effet passer mon anniversaire a Luang Prabang le 6 fevrier, donc je ne dois pas avancer trop vite afin d’y limiter mes nuits en auberge sachant que le trajet pourrait se faire tranquillement en une journee et demi.

Je reprends donc la route en fin de journee et choisi de dormir dans une maison abandonne a 50m de la route principale. A premiere vue, elle a tout de glauque avec ses tags, son reste de pneu brule et ses bouses de vaches, mais au moins je suis a l’abri, je n’ai pas a mettre en place ma bache servant de tente et personne n’y viendra, justement par son cote inhospitalier. En fait, apres un coup de menage, je n’y suis pas si mal et j’y regarde meme le vieux film « A bout de souffle » avec Jean-Claude Belmondo.

1 commentaire:

  1. J'ai une collègue qui s'appelle Phonesavan (je la surnomme "Tam Tam" mais elle ne le sait pas). Je la croyais Vietnamienne. Je lui demanderai si elle est Laosienne.
    Bon voyage !
    Phil

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