samedi 31 janvier 2015

31 janvier – 4 fevrier 2015 : Vers Luang Prabang.

Les vetements en guise de matelas ont assouplis la durete du beton et je me lance plein Ouest avec la volonte de m’arreter d’avantage dans les villages a la recherche d’interactions sociales.

Je fais le tour d’un petit temple bouddhiste sur la route avant de m’arreter dans le village de Ban Nam Chat ou je me promene et rencontre une tripote d’enfants qui jouent dans leur cabane, a s’inventer des histoires. J’ai habituellement du mal a prendre en photo des gens puisque cela peut s’averer impoli voir deplace, mais face a leur joie apparente de poser et de voir les photos par la suite, je me prends au jeu. Certains vont vouloir absolument etre sur les photos tandis que d’autres vont les fuir, malgre tout en rigolant. Ces enfants, pieds nus, aux vetements sales et a la frimousse parfois terreuse sont fascinants. Je les vois intrepides, insoussiants, chaleureux et avec tout cela, respectueux.  Ici, il n’est pas question de caprice pour avoir le dernier jeu video ou les chaussures de telle marque ; et je ne m’exclu pas de la generalisation, c’est une remise en question. A vrai dire, lors de mes 3 mois au Vietnam, j’ai completement perdu l’habitude de voir des caprices. Alors a qui la faute de ces differences de comportement ? L’education, la culture : indubitablement. Le niveau de vie : probablement. La societe, qui chez nous est gavee de luxure et de surconsommation : voila un point interessant.

Cela me fait penser a un camping-car apercu avec surprise a Phonsavan et immatricule en Bretagne. Cette famille a en effet voyage tout du long et je ne peux m’empecher d’imaginer l’enrichissement non seulement culturel mais aussi psychologique pour ces deux enfants d’environ 4 et 6 ans. Voila de quoi en faire des personnes reflechies et tolerantes.

Il n’y a pas de doute, ces petits qui m’accrochent le bras lorsque je leur montre les cliches, redonnent la patate et je peux reprendre la route en quete d’un nouvel abri.

A la sorti d’un petit village charmant, un beau point de vue me permet de reperer sur une colline des petits abris comme on en voit partout. Sejourner 2 nuits dans l’un d’entres eux serait parfait.

En fin d’apres midi, le campement est installe et le feu prêt a etre allume. Je dois juste redoubler de prudence car sans compter la composition de l’abri, il y a surtout un gros tas de paille juste a cote dont je me sers d’ailleurs pour confectionner un bon matelas. Ce soir, j’eteindrai le feu avant de m’endormir.

Dans la soiree, alors déjà couche, des chasseurs viennent me mettre leur lampe frontale dans le visage et en me disant quelque chose que je ne comprends pas bien sur, mais pas pour me souhaiter une bonne nuit. Ils restent alors juste a cote pendant facilement 30 minutes a discuter, tandis que j’essais de retrouver le sommeil.

A 7h de ce 1er fevrier, je suis reveille a nouveau par 6 ou 8 chasseurs (les memes ?). Je me montre alors sympathique en me disant qu’ils ne sont que de passage. Les minutes passent et ils ne decampent pas. Je me suis fait au cote decontracte des gens ici mais c’est quand l’un d’entre eux me demande s’il peut voir mon passeport que j’ai la sensation que la tournure change. Comme je n’ai rien a me reprocher et qu’afficher un blocage n’irait pas dans mon sens, je lui tends. Peu apres, des coups de fil sont emis et je me sens concerne.

Pendant 2h30 je reste entoure et tout ne semble pas couler de source. Un premier doublet de policiers debarque puis, un second. Des notes sont alors prises mentionnant mon nom, mes origines, la plaque d’immatriculation de la moto, mon itineraire et probablement d’autres elements. Tout du long je me demande ou est le probleme mais leur anglais n’est pas suffisant pour me repondre. Alors je bois mon cafe dans un cul de bouteille en plastique en restant tranquille, meme lorsque l’un des officiers procede a la fouille de mon sac comme jamais depuis 6 mois.

En fait cela m’irait tres bien s’ils me disaient juste que cette cabane est prive ou n’importe quelle autre raison a cet interrogatoire champetre, alors que certains on des fusils a baïonnette a l’epaule et d’autres des fusils automatiques.

Finalement, je suis prie de quitter les lieux sur le champ, ce qui m’arrange apres un tel accueil. Au moins, personne ne m’aura demande d’argent. Seul un des derniers officiers me demandera avec un grand sourire si un vetement technique puis mon manteau sont pour lui. Mais tu peux toujours courir mon vieux, ai-je en tete. Je fais juste mine de rigoler en refutant.

Quelle drole d’experience, me dis-je sur la moto. Mais le fait est la, je ne peux me permettre de dormir en hotel pendant 1 mois, alors je serai desormais plus discret encore mais je continuerai de dormir a la belle etoile.

A Muang Phu Khun, a l’heure du dejeuner, je m’installe dans un petit restaurant locale a la table d’un couple Belge, a moto pour la semaine. Je leur conseil alors l’auberge ou j’etais a Phonsavan ainsi que la cascade, avec croquis a l’appui pour la trouver. De leur part, je recois des informations quant a une autre cascade dans la region de Luang Prabang. L’entre-aide entre voyageurs est telle une institution.

A present dans un « grand village » je passe l’apres midi a ecrire sur la terrasse d’un petit hotel ou une belle vue sur la vallee aide a l’inspiration.

A 17h, alors qu’il est temps d’aller camper, je ne resiste pas a assister a une partie de petanque au bar d’en face, et croyez moi, ils ont tout de bons joueurs assidus. La cordelette, la biere, ca tire, ca pointe, ca titille le cochonnet, et un point est un point ! On se croirait chez soit. Quand l’un d’eux me tend un verre, je pause mon sac, ce qui veut dire : le campement viendra plus tard, je suis parti pour rester un certain moment ici. Je les observe donc finir leur partie alors que nous echangeons tres legerement en anglais mais j’en profite pour m’initier d’avantage au Laotien. Il serait surtout tres amusant de connaitre le vocabulaire de la petanque que je pourrais ressortir a bien des reprises. C’est en effet et curieusement un sport (oui oui !) tres populaire au Laos.

OK les copains ! C’est bien joli de remplir mon verre des qu’il se vide mais j’ai le poigne qui me demange a vous regarder ! Je prends donc part a une doublette, tres excite mais surtout avec la pression de la petanque Francaise et Belge sur les epaules. De temps en temps, mon partenaire et moi-même nous retrouvons autour du cochonnet pour se concerter, on tire ou on pointe ? C’est alors que rapidement nous adoptons le « Boom » lorsqu’il faut tirer, role que j’ai l’honneur de recevoir rapidement. « Boom Francois ! » dit-il, voila que nous nous comprenons. La nuit tombe, les bieres aussi et nous voila a gagner nos deux parties. Je les laisse alors jouer la derniere ensemble puis, avec un petit coup dans le nez, tout le monde rentre chez soit.

Par  chance je trouve 50m plus loin un terrain vague ou je m’installe directement a l’essentiel mais 1 ou 2h plus tard, mon duvet est déjà assez humide a l’exterieur. Je n’ai pour l’instant pas froid mais toute la nuit ainsi ne serait pas une bonne idee et c’est a la lumiere de la lune que j’installe la bache en biais, de la moto au sol.

En fait, le but est ici de gagner du temps sur le programme d’Alex et Clemence rencontre a Phonsavan. Ils sont actuellement a Vientiane et j’aimerais beaucoup les recroiser dans quelques jours a Luang Prabang. C’est ainsi que le 2 fervrier, je commence par le petit dejeuner local, a savoir le pho. Ce plat tres present aussi au Vietnam est une soupe de nouille avec morceaux de viande et legumes qu’on agremente a notre guise de menthe, sauce pimentee, et j’en passe. C’est, lorsqu’il est bien prepare, delicieux. Je retourne ensuite sur la meme terrasse qu’hier pour ecrire encore et regarder la serie de Africa Trek, partage par mon couple d’ami. Je me rends compte d’ailleurs que je commence a me comparer a ces grands aventuriers.  Je reste bien sur qu’un modeste voyageur mais ce genre d’aventure me tire de l’avant. L’idee d’atteindre peut etre un jour le cercle des explorateurs francais est une grande motivation pour perdurer dans les experiences de voyage profond.

Le soir meme je retourne a mon precedent lieu de bivouac, j’ai beau dormir sur du dur, je suis a l’ecart et je sais déjà combien de temps je mettrai pour etre couche.

Le lendemain matin je recommence le meme scenario mais je ne suis alors plus invite a rester sur la terrasse de cet hotel. Il manque surtout un bar pour la part de consommation. Alors je me remet en route doucement jusqu'à Ban Namming, a mi route pour Luang Prabang, ou apres avoir assiste a une partie de petanque d’un groupe de policier visiblement tres decontracte, je trouve un coin tranquille pour camper. Notons que juste avant, j’ai roule sur un petit serpent noir raye vert qui me fais enfin prendre conscience de l’hostilite de la brousse ici. Je dors heureusement cette fois ci en hamac sous bananiers et autres arbres pourvus de grosses feuilles mortes qui, en s’entrechoquant par la brise, emet un son inhabituellement grave. Cette atmosphere de jungle s’accentuera desormais en descendant des hauteurs.

Dans la soiree, alors que je prepare mon diner nouilles œufs (encore et toujours) toutes mes pensees vont a Julien, un cuistot Belge rencontre en Mongolie, revu en Chine puis au Vietnam ; lui qui s’avait rendre une gamelle delicieuse en y ajoutant de simples epices et condiments. Ce soir, j’ai de l’ail et la saveur de mon plat est déjà meilleure. Merci l’ami !

En ce 4 fevrier matin, j’arrive a Luang Prabang sous un soleil radieux et une chaleur qui me change ! Il y a en effet 2 semaines, les temperatures n’excedaient pas les 8 degres dans ma chambre a Sapa.

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