samedi 21 février 2015

20 – 21 fevrier 2015 : Arrivee en Thailande sous ma bonne etoile.

Une fois encore je quitte Alex et Clemence mais nous planifions déjà notre 4eme rencontre a Bangkok debut avril ! C’est donc en debut d’apres midi que je pars vers la ville frontaliere laotienne de Huay Xai, a 120km et separee de la Thailande par l’imposant Mekong.

Je passe la nuit dans un abri de bord de champs et c’est vers 8h30 que j’arrive a Huay Xay. Info pratique : la traversee du Mekong ne se fait plus par navette de bateau mais grace a un nouveau pont appele « Friendship Bridge 4 », a quelques kilometres au Sud (navette de touk-touk et bus pour les pietons).

J’ai devant mes yeux la Thailande tandis que le paysage ne semble pas beaucoup varier, ce qui n’altere en rien mon excitation de decouvrir ce nouveau pays.

J’arrive donc au poste de frontiere laotien ou je suis prie de passer devant les 4 ou 5 voitures de chinois. Je sors donc l’equivalent de la carte grise de la moto et mon passeport que je tends a 2 gardes dans leur cabine. Il s’avere alors qu’ils attendent un autre document pour la moto que j’aurais du recevoir a mon arrivee au Laos. Ils m’annoncent donc que je ne peux pas quitter le pays avec la moto sans ce document. Pour couronner le tout, je ne peux obtenir celui-ci qu’a la frontiere traversee depuis le Vietnam. Je ne ferai pas un tel detour, je dois me debrouiller autrement. Ce document fait en fait le lien entre le passeport et la moto.

La situation est alors plutôt delicate et je dois reflechir de longs moments pour comparer les differentes alternatives que j’ai a present devant moi, avec l’administration laotienne qui me pousse aux fesses. Bien sur les gardes me proposent de laisser la moto ici et le plus jeune d’entre eux ne manquera pas de me le repeter, sourire au levre, s’imaginant déjà sur ma selle… Cette solution est déjà a proscrire.

Je dois donc prolonger mon visa quoiqu’il en soit. Je pourrais ainsi, soit chercher a vendre la moto a un voyageur a Huay Xai ou ailleurs, soit utiliser autant que possible la moto en redescendant tout le Laos jusqu’au Cambodge. Mais cela ne m’inspire pas tant que ca. Je suis en effet non loin de l’extreme Nord de la Thailande et je dois en profiter pour visiter cette region en redescendant doucement vers Bangkok. Apres tout, cela me pousserait a refaire du stop mais etant donne la masse de mon sac, je ne suis pas sur d’apprecier le voyage autant qu’a moto. J’admet cependant que les interactions sociales sont plus nombreuses a pied. Il y a aussi le bus mais je ne pourrais alors plus m’arreter n’importe ou pour dormir. Vendre puis acheter une autre moto ? Sans meme penser au cout, l’inconvenient sera de ne plus pouvoir quitter la Thailande avec, en raison de la juridiction.

Haaaaaa !!!! Ces nouvelles possibilites de voyage et d’autres encore se melangent dans ma tete !! De l’exterieur, je dois sembler tres perturbe et je sens que les gardes ont quand meme envi de m’aider. Je suis alors emmene dans le bureau du patron, ou il faut se dechausser avant d’y rentrer (comme n’importe ou au Laos). Nous trouvons donc deux hommes en tenue militaire aux multiples galons, affales dans un canape a regarde des videos sur un telephone. Je vous avais dit que le Laos est decontracte ! J’assiste donc a un echange de 5 minutes avant que le garde ne me traduise qu’ils peuvent fermer les yeux sur le document manquant. Est-il donc possible de trouver de tels arrangements sans passer par la corruption !? En sortant du bureau, le garde m’annonce donc que c’est bon ; le papier manquant n’est plus un probleme.

Nous revenons a la cabine mais a present le garde m’annonce “Au fait, je dois vous dire que votre moto vietnamienne sera refusee a la frontiere Thailandaise”. J’ai alors l’impression que ca n’en finira jamais et je sens sur mes epaules le poids d’une grosse deception. J’aime avoir la liberte de changer mes plans mais pour le coup, je souhaite continuer avec ma moto !

Je suis tout de meme etonne de la nouvelle puisque j’avais recu a plusieurs reprises des informations contraires et je comptais dessus, meme si les sources n’etaient pas officielles. La situation atteint l’heure et mes interlocuteurs semblent s’attendrir et finissent par admettre ne pas etre sur de la reglementation cote Thai mais meme si je demande, il rejette discretement l’idee de les appeler pour s’en assurer.

Bien entendu, je suis tellement lent a me decider sur ce que je vais a present faire, que je laisse passer des gens devant moi. Heureusement, il est encore tot et il n’y a pas foule. Je rencontre alors une chinoise avec sa famille qui ont été refuse a la frontiere Thai, la faute a un des passeports. Je lui raconte aussi mon cas et tres simplement, elle me donne le declic pour avancer : « Essais ! ».

En effet, meme avec les 50% de chance annoncee par les gardes, je n’ai rien a perdre a faire mon Check-out du Laos et rejoindre la douane Thai. Au pire je reviendrai au Laos en reprenant un nouveau visa de 30 jours, plus interessant que les extensions (2$/jour), me laissant le temps de reflechir a la suite.

Le risque de se retrouver dans une situation plus compliquee n’est finalement pas bien grand alors allons y, me dis-je. Une bonne etoile m’a toujours suivi depuis le debut de ce voyage alors soyons optimiste et avancons. Ce voyage m’aura déjà appris le pouvoir merveilleux de cette philosophie.

Le tampon « USED » est frappe sur le visa et 50.000Kip (6$) me sont demandes pour traverser le pont sous escorte policiere ! Info Pratique : le pont est interdit aux pietons, velos et motos mais des bus sont mis a disposition (peut etre payant). Je ne sais pas si cela finira dans la poche du douanier mais peu importe, je n’ai pas la tete a la negociation et j’ai plutôt a les remercier pour leur cooperation. Me voici donc traversant le Mekong surexcite de l’instant et le cœur palpitant d’espoir. J’arrive sur l’autre rive. Ca y est, je suis sur le territoire Thailandais ; s’il te plait, ne me rejette pas. Aussi, je suis amuse par la route qui forme comme un 8 afin de changer de sens. J’ai bien appris a conduire une moto au Vietnam, je dois bien pouvoir m’essayer a la conduite a gauche en Thailande…



Me voila au poste de frontiere Thai, il est 10h et me dirige vers une cabine, tout penaud et tendant les meme documents a un garde. Je suis alors attentif a ses premiers mots. La suite de mon itineraire en depend. Mais rien ne semble poser probleme, meme lorsqu’il me demande l’origine de la moto. Quel soulagement ! Oui enfin… vite fais ! Le garde m’annonce que je dois souscrire a une assurance pour la moto mais ceux de la ville sont fermes ce samedi et peut etre ouvert demain. Ravi d’avoir une porte de sortie dans ce chaos, je lui reponds etre prêt a attendre ici sans probleme le temps qu’un agent d’assurance puisse venir. Info pratique : Les motos originaires du Vietnam peuvent entrer au Laos, Thailande et Cambodge. En revanche, celle de la Thailande ne peuvent pas quitter le pays.

Je prepare alors les autres documents via un autre bureau ou je ne comprends pas directement toutes les indications d’un homme, ce qui a vite tendance a l’enerver gentiment en grommelant a mon sujet avec ses collegues visiblement debordes. Sous les petites moqueries, je prefere alors rester discret et souriant afin de ne pas les envenimer.

En ce milieu de matinee, et par chance pour moi, il n’y a toujours pas grand monde ce qui permet au garde premierement aborde de se deplacer a l’autre bureau pour donner, semblerait-il, quelques consignes pour repondre a ma requete. Ce garde fait en effet un travail remarquable. Il va droit au but, fais l’effort d’aider et son anglais et parfait.

Les heures passent. J’ecris pour patienter tandis que des arrivages massifs de familles chinoises en convois de voitures luxueuses, prennent d’assaut le hall d’attente.  Je m’imagine alors etre en voie d’etablir un record personnel ecrasant quant au temps passe officiellement entre deux pays : 3 jours si je l’obtiens lundi 23. Cette contrainte aurait l’avantage d’etre cocasse mais le garde, qui semble me prendre sous son aile, m’averti qu’une agence d’assurance sera finalement ouverte cet apres midi. Je pourrais donc sortir de ce bourbier aujourd’hui. Tant pis pour le record !

Ce matin, n’etant pas sur d’avoir suffisamment d’argent pour des aleas, comme celui-ci peut en temoigner, je me suis retenu de prendre un petit dejeuner. C’est pourquoi je me retrouve a present avec dans le ventre seul ma soupe de nouille de la veille au soir. Autant dire que la fatigue me rattrape tres vite, accentuee par les 30 degres a l’ombre. Qu’il est alors bon de sortir du fond du sac un vieux concombre de Luang Prabang et de la sauce piquante !

Finalement, et en relancant un peu, une thailandaise d’un bureau d’assurance vient a moi en milieu d’apres midi. Je lui donne mon passeport et les papiers de la moto et 1h plus tard, la voici a nouveau, me tendant la clef de mon entree en Thailande ! Je dois alors embeter encore le second bureau ou on me recoit en disant « encore toi ?!?! ». Mais ayant patiente toute la journee a leur vue, j’imagine qu’il ne me voit plus comme un emmerdeur. Je leur reponds alors avec un grand sourire que je suis leur meilleur client. Les voila finalement admettant que ma situation n’a pas été des plus simple et nous en rions ensemble.

Je peux alors avancer la moto au poste de garde, soulage que tout ai finalement fonctionne. Tout est en ordre, je recois enfin mon tampon d’entree et, inspirant la sincerite, le garde me souhaite un bon et prudent voyage.

Je peux alors passer au « customs service » qui me fait le fameux papier qu’il me manquait au Laos. Il semble que je vais alors beaucoup mieux a en juger mon echange jovial avec ces deux autres gardes qui me saluent tres chaleureusement aussi. Au final, je deviens un peu l’attraction. Ma moto et son chargement intrigue et fais sourire. Je recroise aussi une famille de chinois avec qui j’avais un peu discute et qui me souhaite a leur tour un bon voyage. Un peu plus et je recevais une « ola » pour mon depart !

Info pratique : l’assurance m’a coute 350Baht pour 3 mois de couverture (meme si je n’ai aucun detail de celle-ci, qu’un simple recu). Le fameux document, et donc l’entree de la moto, coute 200Baht et m’autorise de rouler 1 mois en Thailande, l’extension est possible et gratuite dans des « customs office » qu’il n’y a pas partout. Quoiqu’il en soit vaut mieux avoir du gras qu’il est possible d’echanger directement sur place. Il semble qu’a present les francais recoivent des visas d’un mois peut importe qu’ils arrivent par avion ou par la terre.

Je peux enfin quitter la frontiere aux alentours de 17h, roulant a gauche et chantant a tue tete « Je suis en Thailande ! » au nom de ma bonne etoile.

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