mercredi 4 mars 2015

4-10 mars 2015 : Aventure, quand tu nous tiens

Je vous l’ai annonce dans un post precedent, le Mekong m’a donne envi de voguer. Si bien que j’ai cherche une riviere a descendre. Voila une des raisons pour lesquelles j’ai traverse le parc national Lum Nam Kok avant hier (Ouest de Chiang Rai) en moto : je desirais faire un reperage.

Je me lance donc dans une nouvelle aventure des plus excitantes. Une aventure qui dominera peut etre toutes les autres passees. Je vais remonter les 50km de riviere Nam Kok depuis Chiang Rai jusque Mae Saluk a pied et sans cracher sur l’autostop. La, je construirai un radeau en bambou et ferai demi tour en naviguant aux gres du courant jusque Chiang Rai. Duree estimee : 4 ou 5 jours.

Ce matin du 4 mars, c’est avec une petite gueule de bois que je prepare tres lentement mon sac avec le stricte minimum en limitant la masse ainsi que tout ce qui peut craindre l’eau. Je ne prends donc que mon appareil photo pour ce qui est electronique. Oui, j’ai perdu l’habitude d‘utiliser un telephone…

Mon gros sac, et la moto laisses alors a l’auberge, je retrouve le confort de marcher ultra leger. Ca change des 25Kg sur le dos ! Mais je ne suis pas du tout en avance, moi qui pensais commencer ma longue marche au leve du soleil, il est midi et je dois profiter d’etre encore en ville pour (petit) dejeuner. Aussi, je prends au dernier moment le temps de trouver un aspi-venin. Pendant 1h, je visite des pharmacies puis les deux hopitaux de la ville. Mais mes efforts pour expliquer ce que je veux d’un service a un autre ne seront pas recompense. Il semble que l’appareil ne soit pas connu ici. En dernier recours, je demande alors une seringue qui, en coupant l’extremite, pourra toujours aider.

Voila 3 mois que je ne me suis pas lance dans une telle marche. La derniere en date fut l’ascension du Mont Fansipan au Vietnam et j’ai alors l’impression de redecouvrir mes jambes ! La moto c’est fun mais la marche permet de voir l’environnement differemment.

Au bout de 1h30 en plein cagnard a en detremper ma chemise, un vieux 4x4 s’arrete a mon niveau et son conducteur m’invite a monter ! Peut-on appeler cela de l’autostop… ? Je lui explique alors mon objectif et j’ai l’impression que plus il comprend mon language gesticulaire, plus il souhaite m’avancer d’avantage. Nous faisons meme une halte chez lui pour poursuivre en moto. Il faut dire que depuis quelque pays (la Chine… ?) je constate que les gens sont bien plus a l’aise sur 2 roues que sur 4. Il m’emmene donc jusque Rai, la ou un parc d’attraction exploite des elephants. A vrai dire, je n’en sais rien. Mais comme dans tout autre centre du genre, l’utilisation d’animaux en voie de disparition pour divertir des touristes ne m’inspire que du degout. Finalement, je preferais ne pas avoir connaissance de ces betes si cela pouvait leur permettre une vie sauvage.

Depuis la route, je peux alors observer ces majestueux pachydermes tel un enfant. Mais l’emerveillement prend rapidement fin lorsqu’en levant les yeux je vois des selles et en les baissant, je vois des chaines a leurs pates. J’ai alors l’impression de lire bien de la tristesse dans leurs petits yeux.

En continuant ma route, le cœur serre, j’apercois un groupe de touristes qui terminent justement leur promenade pittoresque. Je croise alors le regard de l’un deux, monte d’une fierte de 3m, et par un mouvement de tete l’en fais redescendre rapidement.
POURQUOI ??? voyez plutôt :
Dur non !? C’est pourtant bien la realite !
Voici un lien vers un blog de voyageurs qui expliquent tres bien la pratique. Prenez quelques minutes pour le lire, diffusez l’information et responsabilisons le tourisme.

Me voici quasiment a mi route apres 2h depuis Chiang Rai. Un petit pad thai pour feter ca, et je repars le ventre plein. Un peu plus loin, je fais quelques courses pour le diner a savoir œufs, nouilles et eau. Je suis a present sur le chemin déjà emprunte a moto l’avant veille mais a part les villages, je ne retrouve pas souvent mes reperes visuels. Peu importe, la direction n’est pas difficile a suivre et cela me permet d’apprecier differemment l’environnement.












A nouveau, on me propose de monter a bord d’un 4x4 mais cette fois ci dans la benne entre 4 autres personnes et des legumes. J’imagine que ces gens ne savent pas trop ce que je fais ici a pied, or des pratiques touristiques habituelles. Mais tant pis, je prefere me servir de mes mains pour me tenir a la benne plutôt que de leur raconter en language des signes.

Il est en effet tres courant de voir des bennes de 4x4 remplies de personnes. Mais je n’ai pour l’instant pas encore recu d’explication sur le fonctionnement du principe (payant ? solidaire ?)

Nous sommes depose dans un petit village recule ou les constructions en bois ont repris avec la fin de l’asphalte. J’etonne et attire les regards encore. Je souris et salue, main jointes, puis continue ma marche. C’est ensuite un jeune a moto qui m’embarque par des vitesses jamais tentees sur pareils chemins, et ce pendant 10 minutes. J’aurais bien aime filmer ca mais une main en moins sur les poignes m’aurait valut une chute certaine. Alors je me cramponne et aspire les sensations fortes ! Il m’indique enfin le nouveau chemin qu’il doit suivre, s’enfoncant d’avantage dans la nature. Le mien reste tout droit.












En cette fin de journee, je sens que je pourrais marcher longtemps encore, quitte a y passer la nuit. Et puis je me resonne. C’est le genre de sensation qui garde actif quelques heures mais qui fini par s’estomper, rendant le bivouac plus difficile a installer.

Alors que le soleil me devoile la derniere silhouette des arbres sur les cimes, je trouve un abri ou passer la nuit. Je profite aussi de la riviere a 100m pour prendre un bain ressourcant. Et finalement, je me rends compte que j’aurais quand meme pu emporter ma serviette. Je dois maintenant user d’exercices pour me secher ! Viens ensuite les etapes habituelles : feu, popote, dodo…












5 mars, je reprends la marche au soleil levant alors qu’il ne me laisse de la fraicheur que peu de temps. Je suis a nouveau embarque assez vite par deux adolescents a moto et font, cette fois ci, d’avantage preuve de prudence. Ils me deposent dans un petit village ou je profite d’un pho pour le petit dejeuner. Il faut alors clairement entrer dans une cour pour s’installer a l’unique table tandis que toute la famille continue de vivre normalement autour de moi. Enfin … presque ! Ca ne m’etonnerait pas que je sois le premier client etranger ici ! Je suis donc toujours autant observe et les gens repetent apres moi en rigolant chaque mot de thailandais que je leur dis. « Bonjour », « merci », « c’est tres bon ! », « au revoir ». Cela suffit pour laisser une impression positive. J’ameliore ainsi le contact locaux / voyageurs dont Young Ho (un ami coreen recontre le 26 fevrier) et moi en avons longuement discute.












1km plus loin, un nouveau 4x4 s’arrete pour une nouvelle promenade dans la benne avec un jeune qui essais de communiquer mais uniquement en thailandais… Puis au milieu de nulle part, ils s’arretent. Sans trop chercher a comprendre, je descends en pensant que s’en est fini. Mais l’arret n’est finalement pas pour moi et je suis alors loin de croire ce que je vois. Le jeune sort un sac poubelle de la benne et s’enfonce dans la nature. Ou du moins ce qu’il en reste… Une decheterie de la surface d’un terrain de tennis a pris le dessus sur la vegetation. Je ne peux alors qu’observer bouche bee le geste initie du jeune homme pour se debarrasser de ses ordures. C’est loin d’etre la premiere fois que je constate le manque de respect quant a la planete, mais je n’arrive toujours pas a m’y faire. Il serait grand temps que des gouvernements se responsabilisent en creant des infrastructures pour le traitement des dechets. La Thailande, la Chine, le Vietnam en aurait les moyens. Le Laos et la Mongolie peut etre pas tout de suite.

J’arrive a Mae Saluk a midi, etonne de n’avoir mis que 24h pour y parvenir mais les 30km sur les 50km fait en transports m’ont beaucoup aides ! Je me rends donc directement sur les bords de riviere ou j’avais repere suffisamment de gros bambou pour la construction du radeau.

Par un petit tour de la foret, je selectionne les premiers arbres que je vais utiliser a commencer par ceux en moins bonne sante ou déjà abattus. Ma machette vietnamienne en main, je tranche pour la premiere fois des bambous depassant les 10cm de diametre ! Je pense alors aux cabanes que j’aurais pu faire etant gamin avec de tels materiaux.


Dans l’apres midi, je parviens a mettre de cote 5 troncons de 3,5m. Pourquoi 3,5m ? L’ai-je deduis par une serie de calculs de dimensionnement de structure et d’hydrodynamique… ? Ahah Non ! c’est juste la longueur d’une cordelette qui me sert de gabari. Je n’ai en effet pas vraiment idee du dimensionnement d’un radeau en bambou, alors je me cale surtout sur mes observations en Asie.

En fin de journee je parviens a construire une premiere ebauche de radeau avec ces 5 troncons. J’imagine que ca ne sera pas suffisant mais cela me donnera une idee de stabilite et flotabilite. Et a vrai dire, c’est loin d’etre suffisant !

Mais il est 16h30 et je ferais mieux de songer a ma nuit. La question du couchage ne m’inquiete pas, j’ai déjà repere une maison abandonnee a cote de mon chantier navale. Je souhaite a present surtout retourner la ou Young Ho et moi avions pris un pho et un cours de menuiserie pour y diner. En chemin, je passe devant une petite eglise. Elle est des plus simple mais je suis quand meme curieux de voir a quoi elle peut ressembler a l’interieur. J’y rencontre alors quelques personnes et histoire de ne pas partir trop rapidement apres ce bref coup d’œil, je leur demande si je peux trouver un endroit ou manger dans le coin. Mais il semble que tout soit ferme, ce qui m’embete puisque j’ai beau avoir encore des nouilles, je n’ai plus d’eau. L’un d’eux me propose donc rapidement de manger et de rester ici, dans un dortoir de cette ecole catholique pour enfants issues de familles pauvres. Je me sens alors honore et ne peux refuser l’offre, curieux de voir cela.


Je suis alors directement convie au repas en compagnie d’une quinzaine d’enfants (une trentaine au total sont pris en charge ici) et quelques responsables. Au menu, du riz et des assiettes delicieuses de viande et vegumes en sauce que l’on partage. Mais attention, on ne touche pas a la nourriture avant la priere. Je m’y attendais en observant les enfants ne pas toucher a leur assiette. Alors je me retiens aussi. Une fois que tout le monde a ete servi, je les observe se recueillir avant de redevenir des enfants affames. Le niveau d’anglais des adultes ne leur permet pas de tenir une conversation mais je fais de mon mieux en m’interessant a cette structure. Si bien que notre rapport est rapidement detendu et j’obtiens par la suite une petite visite des locaux. Tout cela me rappel mon volontariat au Vietnam et ma trentaine d’adolescents que je retrouverai dans 3 mois.

Par une telle generosite, je propose une initiation a l’anglais mais apres reflexion, il semble que les enfants n’ai pas le temps entre l’ecole thailandaise et celle-ci, ou ils apprennent déjà le chinois. Tant pis, je ferai quelques travaux manuels demain matin avant d’aller sur les bords de la riviere pour bricoler.














6 mars, je suis reveille par une clochette puis par des enfants qui viennent toquer a ma porte (je suis seul dans le dortoir). C’est l’heure du petit dejeuner et je retrouve avec plaisir plus ou moins le meme repas que la veille.

Je passe quelques temps a table avec un des hommes qui travaillent ici. Puis a la vue de ma machette, il se lance dans un dur labeur pour la reaffuter puisque j’en ai fait une scie en une apres midi. Elle semble plus adequate pour couper de la viande ou des petites branches plutôt que de gros bambous.

Puis tres rapidement, l’endroit se desertifie. Je me retrouve alors un peu bete, voulant rendre service mais sans savoir quoi faire. Alors je refais simplement le marquage du terrain de volley et achete quelques provisions avant de retrouver mon radeau amarre a 1km d’ici.  

Je passe la journee a debiter de nouveaux bambous et a faire une rame. Pour le coup, le radeau est inspire des techniques locales habituels mais n’ayant jamais vu de rame en bambou, je dois improviser. Or, apres 2h j’arrive quand meme a un resultat concluant ! C’est incroyable tout ce que l’on peut faire avec ce bois.

Mais voila, la fin de journee approche et il reste du boulot. Je decide donc de retourner a l’ecole catholique avec l’impression d’en abuser. Pourtant ce n’est pas du tout l’image que l’on me renvois, je crois qu’ils s’attendaient clairement a me revoir ce soir. Ouf ! et merci encore….

Comme a plusieurs occasions, j’observe des parcelles du paysage en feu. Mais je ne suis pas encore certain que ce soit pour de la culture sur brulis.












7 mars. Apres les 3 ou 4 bambous debites hier, je dois aiguiser a nouveau ma machette dans un pire etat encore que la premiere fois. Il faut dire que mon ami l’avait aiguise tres fine, au point qu’elle a meme plie. Mais cette fois ci, je peux la remballer ! Je recois une machette presque faite maison (lame soudee sur un tube metalique) bien plus adequate a mon usage.

A nouveau, mes hotes s’attendent a ce que je revienne ce soir mais cette fois-ci non, c’est tres tentant mais j’aurai fini le radeau a temps pour repartir. Je termine donc la construction par l’assemblage de la partie flottante avec de la corde, puis par mon assise. Je vais passer quelques heures la dessus, autant y etre installe confortablement.

En debut d’apres midi, mon radeau que dis-je, mon navire, mon vaisseau, semble termine. Mon sac emballe de ma bache et sac plastique est charge. La rame est a bord, je peux enfin larguer les amarres. Ca y est je suis lance !! C’est parti pour 50km !...... a la vitesse du courant (plus ou moins la meme vitesse qu’a pied). La situation est tordante ! Je suis au fin fond de la Thailande, sur mon petit radeau, je pagaye et c’est tout ! J’ai alors tout le temps d’admirer la biodiversite.












Les pecheurs que je croise succedent leur grande surprise de me voir ainsi par un « very good !! » pouce leve et riant. Il faut dire que les seuls occidentaux qu’ils voient sont ceux qui traversent le parc de Chiang Rai a Tha Ton dans des bateaux rapides que l’on entend a partir de 2 km. Ils saluent et prennent des photos pendant les 5 secondes de leur passage puis laissent une violente houle comme derniere interaction.

Le premier jour je parcours environ 5km avant de camper sur une rive de la riviere. Le bilan de mon embarcation est positif !














Le lendemain, le 8 mars, tout se passe merveilleusement bien mais des rochers apparaissent de plus en plus, emergeant de la surface de l’eau ou non. Il faut alors deviner si je peux passer par-dessus en fonction de la vague formee. Le plus souvent, ca passe, ou ca frotte juste. Jusqu’au moment ou je reste bloque dessus et dois sauter a l’eau avant que le radeau soit mit en travers par le courant. Ceci aurait pour consequence probable de mouiller ou perdre mes affaires. Corde en main, je contrôle donc le radeau en ayant l’eau a la poitrine. Le temps de le remettre dans l’axe et de reembarquer. Malheureusement, je me rends compte que dans l’action, j’en ai perdu ma pagaie ! J’ai encore ma perche donc je peux me diriger mais pas pour longtemps. J’ai besoin d’une nouvelle pour les prochains rapides. Un peu enerve, je me gare au plus vite sur une plage pour reprendre le bricolage mais incroyable : il n’y a pas de bambou ici !

Je dois donc me debrouiller avec ma perche issue d’une branche de bambou aux proprietes plus interessantes que le tronc pour la pagaie. En moitie moins de temps que la premiere fois, je construis une nouvelle pagaie qui s’annonce aussi prometteuse !

En arrivant au niveau de Pha Kwang, je commence a serrer les fesses. Déjà depuis le chemin il semblait que le passage serait difficile mais il n’en ai pas moins a la surface de l’eau.

J’ai fait du canoe plusieurs fois par an avec mon père et la regle était simple. Il faut toujours chercher a aller plus vite que les rapides si on veut garder la trajectoire. Seulement, vu l’hydrodynamisme (la forme) de mon radeau il n’est guere facile de prendre de la vitesse. Je me lance donc dans ce tumulte sous le regard de quelques thailandais silencieux pour le coup. Seule mon assise semble sortir du niveau de l’eau alors que je rame activement d’un cote puis de l’autre. Mais c’est apres un moment que je me rends compte que mon sac principal (emballe) traine derriere avec le reste de mes affaires. En me penchant en arriere je parviens tant bien que mal de le remettre sur le radeau (l’appareil photo est dedans) mais la nature prend finalement le dessus en faisant quasiment chavirer le radeau. Je ne peux donc plus chercher a manœuvrer mais a garder mes affaires a bord. Arrivee a la fin, tel un bassin magnifique dans la roche j’apercois mes chaussures qui flottent avec le courant. Ni une ni deux je plonge, telle une scene d’Alerte a Malibu, pour les recuperer ainsi qu’une bouteille d’eau. Deux personnes m’ayant suivi du regard depuis le debut des rapides se rapprochent alors, prêt a me secourir a mon signal.

En revenant sur le bord, je me sens sous le choc. Ca a fait beaucoup d’adrenaline d’un coup. Il est 16h30, je n’avancerai pas plus aujourd’hui. Je ramene donc mon radeau et fait l’inventaire de mes affaires : j’ai perdu 3L d’eau… mais pas ma pagaie !!

J’annonce donc aux deux hommes que je vais rester dans le coin pour diner et passer la nuit. L’un deux, Tsai, me fait alors comprendre qu’il revient dans quelques minutes. Pendant ce temps l’autre, Cale, reste avec moi en tentant la communication. Il est amusant de constater que ce jeune homme de 24 ans ne sort pas un mot de sa bouche pour l’occasion. Il utilise uniquement le langage physique.

Il me fait comprendre a plusieurs reprises que ces rapides n’ont rien de faciles et que je me suis tres bien debrouille pour en sortir. Oui j’ai été forme sur la Risle (Normandie) avec papa !

Apres 20 minutes, Tsai revient. Apportant riz collant et œufs que nous preparons sur un feu de camp improvise. Je complete donc avec mes provisions et nous voila en plein pic nique ou chacun pioche dans le plat principal. C’est en effet ainsi que les gens partagent un repas en Asie du Sud Est sans comprendre la methode occidentale de l’assiette individuelle. Vient rapidement le « whisky » thailandais (alcool de riz) qui agremente l’echange. On boit un shoot cul sec suivi d’un verre d’eau chacun son tour et il est preferable de le recevoir par la main droite, soutenue de la main gauche sous le coude.

A plusieurs reprises et quasiment des le debut, Tsai m’a fait comprendre que je dormirai chez lui ce soir. Au moment venu, nous prenons donc sa moto pour aller dans un petit village, 4 km plus loin.

En arrivant, la nuit est presque tombee. Sa maison est construite en partie sur pilotis. En bas il y a la cuisine et la chambre des grands parents, a l’etage celle de Tsai et sa femme ainsi que leur fils et leur fille et son bebe d’1 an (a moins que ca soit le beau fils ou la belle fille…). Les murs ne sont que palissades de bambou et le sol terreux pourtant, ils semblent ne manquer de rien. Tsai m’indique aussi ses arbres a the, que nous degusterons bien souvent.

On m’indique alors que je vais dormir sur la paillasse de la cuisine mais pas tout de suite ! Tsai me recupere en effet les restes de nourriture de la soiree avec encore du riz collant, installe tout ca, et nous voila sur un nouveau repas. Dois je vous preciser ce qu’ils me servent a boire… ?













Nous passons donc quelques heures ici a diner, discuter et rigoler autant que nous le pouvons accompagne de Swit, le fils, qui nous a rejoint. Je dois a plusieurs reprises prendre du recul sur la situation pour me rendre compte de la reelle chance que j’ai d’etre en une telle magnifique compagnie. En profiter le plus possible malgre la fatigue, tel est l’unique objectif.

A 3h30 du matin apres cette merveilleuse soiree, la premiere vole de cocoricos resonne a travers le village. Si bien que je suis debout a 6h, alors que j’entend de l’activite dans la cours. Je decouvre alors l’epouse de Tsai en pleine activite hebdomadaire comme l’arrosage des plantes et la preparation du petit dejeuner. C'est-à-dire, la cuisson du riz dont je ne me lasse pas. Je l’observe donc en buvant le cafe qu’elle m’a aussi prepare. Ce moment est tres agreable et interessant.

Depuis le debut de ce voyage, j’aime a me lever tot et savourer la renaissance des jours (excepte a Sapa, Vietnam, ou le froid me rendait paresseux pour sortir du lit). Mais ici, dans ce petit village recule, dans cette famille accueillante et genereuse, l’instant devient magique.

Je discute autant que la comprehension mutuelle nous le permet. J’apprends d’ailleurs que dans quelques jours, elle se rendra a Bangkok pour quelques mois afin de travailler temporairement comme masseuse. Cela leur permet un revenu de plus entre deux cultures de riz.

Ci tot le cafe termine, assis sur des tabourets de 20cm autour du fourneau, nous partons a la cueillette de pousses de fougere en foret. Je sens a ce moment que je descends encore plus profondement dans la culture locale. Je ne suis plus seulement l’hote que l’on choie mais je deviens un initie.













A notre retour, j’equeute et nettoie notre recolte pendant que la patronne pilonne une mixture pimente. Elle fait aussi revenir une conserve de poisson a la sauce tomate et y ajoute enfin les pousses sans parler de l’assaisonnement.

Complete de riz, le petit dejeuner est alors quasiment prêt. Je connais desormais le secret de toutes les saveurs de ce plat que j’ai déjà goute.













Toute la famille se reveille petit a petit et j’assiste a leur vie quotidienne, a la fois acteur et spectateur.

En milieu de matinee, le temps des adieux fait surface accompagnes d’une boule en travers de la gorge. Je refais donc mon sac doucement tandis que Tsai se prepare a me ramener a Pha Kwang en moto. Je ne suis pas un adepte des adieux, preferant les « au revoir ». Mais l’espoir est ici bien ambitieux.

Je fais donc le tour de toute la famille pour les saluer plein de gratitude. Puis, juste avant de monter sur la moto, la mere (dont je regrette de ne pas connaitre le prenom) file a la cuisine et revient avec un sac plastique contenant une genereuse portion de riz et du plat que nous avons prepare ensemble.

Une fois de plus, je souhaiterais etreindre ces personnes qui me conforte dans l’idee que le monde est peuple d’ames admirables. Malheureusement les cultures sont telles qu’il faut parfois se retenir ; meme si apres coup, je pense qu’ils l’auraient tres bien pris.

Quelques minutes plus tard, je suis de nouveau sur l’eau, le cœur gonfle d’amour.

Les kilometres defilent, lentement, toujours tres lentement. La forme du radeau est telle qu’il m’est impossible d’aller beaucoup plus vite que le courant. Si bien que de plus en plus, je cesse completement de ramer, me laissant juste a la derive.

Il m’est toujours difficile de savoir exactement ou je suis, si bien que j’espere pouvoir atteindre Chiang Rai en fin de journee. Jusqu’au moment ou je demande confirmation a un homme en uniforme le long de la riviere en famille. Il est 17h, nous sommes a Ban Rai et il reste 10km !

Aussitôt, je rejoins le bord. Je ne pourrais pas aller si loin aujourd’hui. Et l’endroit m’a l’air accueillant pour camper, contrairement aux derniers kilometres. J’ai en effet quitte la zone montagneuse ou s’etend le parc national. Il y a donc d’avantage de zones résidentielles, d’industries et de dechets. D’un autre genre, j’ai aussi apercu deux serpents d’1,5m entortilles (accouplement).

Je discute donc avec cet homme qui me questionne sur mon aventure et m’indique que je peux camper un peu plus haut sur le terrain d’un centre d’interventions. Le coin semble ideal. Je commence par rassembler du bois mais un agriculteur vient a moi et me propose de dormir dans son abris, en bordure de champ quelques metres plus loin. Je n’ai alors plus a m’inquieter de la rosee.

Plus tard, le feu m’a donne assez de braises pour mettre l’eau a chauffer. C’est alors qu’un secouriste apparait dans l’obscurite et me propose de me joindre au groupe. Juste le temps d’emporter mes nouilles et la soiree commence !

Je rencontre donc une dizaine de secouriste autour d’une longue table couverte de nourriture ! Je prepare donc ma popote mais je suis rapidement aide de deux secouristes pour faire de mes basiques nouilles un plat delicieux !



La soiree se passe donc autour de discussions en bonne partie en anglais, de picotage dans les assiettes restantes et de tournees de « whisky » thailandais. Je parviens meme a recevoir un t-shirt de la brigade. Apres avoir recu celui d’un pompier en Russie, me voila sous les couleurs thailandaises.

On me fait aussi visiter le camion anti incendie et l’ambulance avant de m’emmener au poste de commandement. Mais un message radio recu semble changer le plan de visite. Je suis au beau milieu d’une urgence. Un accident de moto oblige 4 secouristes a partir avec l’ambulance ! J’assiste donc a leur preparation materielle … et de desintoxication. Il faut dire qu’avec les verres ingurgités, je leur souhaite bien du courage pour rester credible ! La scene est assez cocasse.













A present, il ne reste plus que moi et celui qui m’a invite. Les autres etant couches. Alors sous une idee un peu farfelue et spontanee de milieu de soiree, nous decidons d’aller a Chiang Rai en moto pour jouer au billard. Il est alors amusant de me retrouver en pleine ville en quelques minutes alors que je mettrai plusieurs heures demain. Il m’aurait été facile de tricher et d’y rester mais cela aurait ete bien moins drole.

Le 10 mars, j’ai encore été convie a mon reveil par les secouristes pour le cafe et le petit dejeuner. Ceux qui n’etaient pas de garde cette nuit me decouvrent etonnes tandis que les autres se montrent tres amicaux et a mes petits soins.

Alors que je donne le premier coup de pagaie, les secouristes surplombant la riviere me saluent une derniere fois. Merci mes amis !

3h plus tard, j’apercois enfin le pont ou je vais finir cette aventure. Mais 1km de navigation, c’est encore 20 ou 30 minutes a pagayer sur cette riviere devenue un peu trop tranquille.













A nouveau sur la terre ferme, je photographie ma fierte sous tous les angles puis je procede au demontage pour recuperer mes cordes.

Quelle experience quand meme ! Quelle chance aussi d’avoir pu lier l’aventure a la rencontre de 3 groupes de locaux, a savoir, l’ecole catholique de Mae Saluk, la famille de Pha Kwiang, et les secouristes de Ban Rai.

2 commentaires:

  1. super récit l'ami, qu'est ce que j'aurais aimé partager cette aventure avec toi!!
    Jul et mougn

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  2. Maintenant, je comprends mieux tes étoiles ;)

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