L’interet de Young Ho pour mon style de voyage
ne se limitera pas a mes recits. Il m’a en effet demande de m’accompagner jusque
Chiang Rai, lui permettant d’experimenter une nuit a la belle etoile. Le
sachant ecrivain, j’ai alors l’impression de faire l’objet d’un
reportage ; lui qui ne cesse déjà de me photographier et me questionner
sous tous les angles !
Nous decidons donc de nous rendre jusque la
petite ville de Fang a 70km au Sud-Ouest afin d’y visiter le remarquable temple
(Wat) Jong Paen au style Birman. En route nous traversons Tha Ton ou le temple
offre une vue sur le Myanmar. Malheureusement, l’influence touristique semble
avoir denaturaliser les lieux et etant parti tard de Doi Mae Salong, nous
preferons ne pas nous y arreter.
En fin de journee nous ne sommes plus qu’a
quelques kilometres de Mae Saluk, sur les bords de la riviere Nam Kok qui nous
lancera sur les pistes a travers le parc national jusque Chiang Rai. Je suis
alors sense trouver le lieu de bivouac, flair en eveil. Comme d’habitude, je
cherche a m’isoler afin de ne pas etre derange et c’est au beau milieu de
culture de piments, mais, ail et autre que je plante notre drapeau. Notons qu’a
l’oppose, Young Ho va demander dans les gendarmeries, ecoles, temples, eglises
ou n’importe quel lieu habite s’il peut utiliser un bout de terrain pour y
mettre sa tente. Ses bonnes notions de thaïlandais sont ici un net avantage
pour se presenter et mettre son interlocuteur en confiance. C’est donc sur ce
point que je devrai travailler a l’avenir : apprendre d’avantage les
langues locales si je veux decouvrir les vrais facettes des pays et des
populations.
Les motos garees, je fais alors comme si je
preparais le campement pour moi seul, laissant Young Ho jouer le reporter
photo. Chercher du bois, preparer le feu, construire un abri qu’il me faut
innover completement pour deux personnes, lancer le feu, preparer le diner.
Alors qu’il enfile son pull a la nuit tombe je bouillonne par l’activite. Mais
je suis content du resultat, Young Ho est ravi de ce contact direct avec la
nature et uniquement la nature. Voila un converti.
Le lendemain matin, meme topo. Je demonte sous l’objectif le campement, lance le feu et prepare le cafe (Vietnamien !!). Voila bien longtemps que je n’avais pas partage un bivouac et j’apprecie de prendre le temps de discuter, savourer un cafe et a se faire dorer la pillule par les premiers rayons du soleil. Ajoutons que la legere rosee deposee sur les plantes environnantes semble nous plonger dans un delicieux Pho (soupe de nouille traditionnelle) en decuplant les odeurs qui traversent notre bivouac.
En fin de matinee il nous faut partir !
50 km de piste nous separe de Chiang Rai et je souhaiterais y arriver ce soir.
J’ai une nouvelle aventure tres excitante en tete pour les prochains jours qu’il
me faudrait commencer pas trop tard. Nous faisons cependant une pause dans un
petit restaurant pour y prendre un pho. A vrai dire lorsque j’utilise le terme
« restaurant », il ne faut pas s’imaginer qu’il y a forcement plus de
deux couverts possibles a l’interieur d’un batiment. De temps en temps, cela
pourrait etre appele des « bouiboui » mais c’est bien trop denigrant
par rapport a la qualite de la nourriture qu’on y trouve. C’est comme en
Belgique ! Moins la friterie est accueillante visuellement, meilleure sont
les frites !
Par chance la voisine est en train de
fabriquer des sortes de paillasses utilisees pour les toits. Young Ho, fidele a
lui-même ne se fait pas attendre pour aller la voir et commencer a papoter. Moi
qui ai déjà analyse avec admiration les constructions traditionnelles asiatiques, je ne
peux resister de m’en approcher aussi. Je manipule alors les elements termines
et devore du regard les moindres gestes de cette femme qui visiblement apprecie
notre interet. Si bien qu’elle m’invite a prendre sa place et commence mon
initiation. Je ne reviens pas de la chance que j’ai de decouvrir reellement un
tel artisanat traditionnel. C’est palpitant a nous en faire oublier notre
pho qui est desormais prêt.
11h30, nous voila finalement prêt a partir.
Ayant acquis plus d’experience sur piste, je prends les devants mais apres 5
minutes, j’ai déjà perdu Young Ho qui ne semble pas aussi confiant. Il nous
faut alors 4h pour faire 25km et je ne peux pas dire que je savoure entierement
le trajet malgre le cadre magnifique. Mon empressement degrade mon humeur et je
dois me faire violence pour cesser ma crispation malgre une chute.
Enfin arrive a mi route, nous nous rendons
compte que la route est dorenavant asphaltee et nous obtenons confirmation par
des locaux : les derniers 25km sont de bonnes qualites. Mais Young Ho a
plus de temps que moi. Il prefere rester dans les environs a essayer de
rencontrer les habitants des villages recules que nous avons traverse. Il est
certain que l’idee se defend mais je mets ma prochaine aventure en priorite.
Afin de se quitter convenablement, nous nous
arretons dans un petit restaurant pour manger un pad thai (nouilles revenues
avec des legumes et de la viande, typique thailandais). Le ventre a nouveau
plein, tout va pour le mieux et nous entendons nous revoir les prochains
jours.
Je reprends donc la route seul vers Chiang Rai
ou je trouve rapidement une guest house qui fera l’affaire. Le temps d’une
douche et je pars visiter la ville by night.
Le
premier apercu n’est pas folichon. La ville est peut etre plus vivable que
visitable. Un grand marche nocturne ainsi que des petits restaurants accueil
tous les touristes qui en consequence, ne m’attirent pas du tout. Heureusement
en s’excentrant, je tombe sur un restaurant pas chers et tres bon. C’est
finalement en suivant les locaux que l’on trouve les valeurs sures.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire