dimanche 3 août 2014

3 Aout 2014 : Frontière Russe - Région de Moscou

Ma nuit à la belle étoile est si confortable que je ne me lève pas assez tôt pour profiter du départ des premiers routiers. Une forte rosée est tombe durant la nuit et quelques gros escargots ont trouvé refuge autour de moi et même dans mes chaussures. Un peu plus et j’étais parti pour préparer le beurre persillé !

Je reprends position sur le bord de la route à 8h45 et décolle à 9h avec Vladimir en camion qui se rend au Nord de la région de Moscou. Nous traversons 600 km d’étendue sauvage, soit environ 9h principalement sur des routes de deux voies.




Il parle très légèrement anglais et avec mes efforts en Russe, que j’avais commencé à apprendre un an plus tôt, nous arrivons à échanger un peu. Sur la route, nous croisons un camion dans le fossé tandis que Vladimir me fait comprendre que c’est le résultat des conducteurs assoupis, ça calme ! Je reste toujours très sceptique quant à la traversée de Moscou et m’interroge si je dois descendre avant que Vladimir ne quitte l’axe principal afin de rejoindre le centre-ville par un autre automobiliste puis prendre un train pour en ressortir. Mais Moscou est un nœud assez effrayant. Vladimir me perçoit alors que c’est bien jouable par l’une des voies de contournement grâce au flux arrivant de Saint-Pétersbourg. Pour donner une idée, la voie la plus proche du centre a un rayon d’environ 40 km, puis 80 km et 200 km. Nous empruntons cette dernière à la recherche d’un coin où me laisser avant la destination de mon routier attentionné. Nous sommes alors sur une petite route qui traverse plusieurs villages. Je suis très souvent surpris par la taille des routes en comparaison avec leur importance. Moi qui m’attendais à des autoroutes comme nous les connaissons, cela simplifie grandement les estimatifs et les préparations de mon itinéraire. Cela n’a en effet rien à voir avec le réseau autoroutier allemand, par exemple, où l’on peut se retrouver très facilement en galère sur une petite bretelle d’autoroute. Les potentiels ennuies pourraient donc venir surtout de la police et la corruption dont j’ai ouï dire.

Vladimir s’arrête sur un parking pour routier en forêt entre Klin et Dmitrov. Ma première sensation de petit français avec ses idées reçues me dit : “Tiens, le parfait endroit pour se faire dépouiller ni vu ni connu !”. Mais sortons de nos préjugés. Qu’il y a t-il à en tirer ? La facilité de la fuite, la peur de l’Autre; en soit la méconnaissance de nos “cohumain”. La difficulté est de trouver le juste milieu : ni trop téméraire, ni trop crédule.


Vladimir me demande de rester dans la cabine le temps qu’il fasse le tour des autres camions. 15 minutes plus tard, il m’a trouve un conducteur pour Nizhniy Novgorod (450 km a l’Est de Moscou) qui part demain matin. Je n’aurai qu’a venir frapper a 4h30. Tout le boulot est donc fait surtout que le passage de Moscou est mon point critique dans cette traverse de la Russie en stop. Avant de partir, il m’indique un petit chalet faisant office de restaurant et ou le gardien du parking siege. Lui aussi a ete mis au courant de ma presence et me laisse y passer la nuit. Bonne nouvelle puisque je n’aurai pas a aller me cacher dans la foret mais pourrai juste patienter a l’abri, et tant pis pour le sommeil. C’est une opportunite qui ne se loupe pas.

Me voilà donc dans un nouvel environnement auquel je dois m’adapter. Je commence par aller saluer mon nouveau routier puis le gardien avant d’aller m’installer dans un coin de la terrasse couverte du chalet. La soirée commence et j’ai le temps de souffler, de penser à cette première journée de stop en Russie, au delà de mes espérances, ainsi qu’à la suite qui m’attend.

Mais ma solitude n’est que de courte durée puisque Serguei, un vieux routier curieux s’assoit a ma table. Lui a de très vagues notions d’anglais et d’allemand mais nous réussissons à communiquer a peu prés avec le dictionnaire de ma leçon Assimil Russe. C’est rudimentaire mais comme on galère tous les deux avec l’envie d’échanger, on fini par bien rigoler. Au point que d’autres se joignent a nous : le gardien, le restaurateur un poil plus âgé que moi, et un couple assis a deux tables. Tous les occupants du chalet quoi… Le relationnel est alors divise. Je suis l’étranger qui parle une autre langue dans un cadre totalement inattendu. Eux commentent l’attraction que je deviens et rient à mon sujet. Mais finalement, il y a t-il un mal à être sujet à de petites moqueries si cela ne me porte pas préjudice ? De toute manière, je ne comprends pas grand-chose. Alors plutôt que d’avoir une mauvaise interprétation susceptible, je souris. Peut-être un peu bêtement aussi en raison de la bière faite maison qu’ils m’ont apporté dans une bouteille de 3L aux allures très douteuses. Ce n’est pas mauvais du tout mais quel degré d’alcoolémie ! Je la sens vite me monter à la tête ! Très bien, les festivités d’intégrations commencent ! Je bois cependant lentement mon seul verre quand Serguei s’en enfile 4 ou 5. Je me dois de rester bien conscient de mes paroles et mes actes fin de gagner leur estime et ne pas, dans le pire des cas, augmenter ma vulnérabilité.

Les cigarettes que je me roule intriguent beaucoup, si bien qu’un premier me demande de gouter la mienne. On en vient alors à une leçon générale de roulage mais ce n’est pas gagné ! Au moins ca y est, notre relationnel tend à s’établir chaleureusement.

Mon voyage intéresse beaucoup aussi surtout quand je sors mes cartes d’Europe, Russie, Mongolie, Chine et de l’Asie du Sud-Est. Plus besoin de mots, je peux montrer mon itinéraire, c’est du concret. Mais tout de même, on me prend pour un cinglé déjà de faire du stop en Russie mais aussi de partir si loin et sans savoir réellement la date de mon retour.

Dans le fond, je suis moi aussi un routier. Il n’est d’ailleurs pas rare d’échanger des salutations particulières avec des routiers ou des bikers. 

Les heures passent, chacun commence à s’en rendre compte et se prépare à passer la nuit. Pour la politesse du geste, je redemande au gardien et au restaurateur si je peux bien rester dormir dans la salle du restaurant mais ils me demandent alors de les suivre à l’étage. J’imagine donc qu’ils veulent me proposer une chambre mais je précise alors que je n’ai pas d’argent pour l’hôtel. J’étais finalement loin du compte puisqu’ils m’offrent le confort d’un lit dans une chambre individuelle. Je suis estomaqué par cette gentillesse, surtout qu’il semble s’agir d’une chambre d’employé. Voilà quelques jours que je n’avais pas eu d’espace privé. Quelle agréable surprise !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire