jeudi 14 août 2014

14 Aout 2014 : Krasnoyarsk - Irkutsk, 1000km de conduite a la russe

Je laisse cette fois ci Dima partir en premier en utilisant ma pancarte qu’il me rend 15 minutes plus tard en ayant trouve un routier qui se rend a Yakutsk, bien apres le Lac Baikal.

Je galere 1h par la suite pour partir. Une premiere voiture me prend avec deux jeunes qui tombent sur le cul quand je leur raconte mon voyage. Nous ne roulons que 30 minutes ensemble mais ils finissent par me souhaiter le meilleur pour la suite. S’en est touchant et amusant.

Je suis ensuite pris par Alex, un pompier en civil, qui m’emmene 100 kilometres avant Kansk. Nous discutons pas mal notamment de son metier et mon voyage, par lequel il est aussi impressionne. Je remarque aussi sa conduite rapide mais cependant prudente (relativement parlant). Il fini par me donner une bouteille de Kvass et des sous-vetements techniques de son uniforme ! 




En attendant une nouvelle voiture, un homme vient a moi et me demande si j’ai de l’eau. Il me reste un fond a peine suffisant par rapport aux fortes temperatures qu’il fait ici. Mais soit, sans savoir s’il en a plus besoin que moi, je lui donne ma bouteille. Il me fait alors un geste que j’interprete sur le coup par « Est-ce que tu veux garder la bouteille ? » auquel je refute. Mais le voila qui la balance une fois vide dans le (tres) bas cote parmis une danse vegetation. Voila le genre de chose qui me met hors de moi ! Je commence alors a l’engueuler en lui montrant que les bords de routes sont dejà degoutant de dechets. Son dedun n’a alors d’egal que son imbecilite.

Je fais ensuite la route jusque Tulun dans un des bons modeles de Lada semblerait-il. Ou du moins je l’espere car les kilometres defilent encore rapidement sous nos pieds. La route n’ayant que deux voies, il nous faut alors bien souvent depasser voitures et camions en serrant
de temps en temps les fesses.

En fin de journee nous arrivons a Tulun ou apres une bonne heure de marche en me dirigeant vers la sortie de la ville, je suis pris par un couple jusqu'à un village 10km plus loin. Ce qui est parfait puisque je pourrais camper plus facilement en campagne si necessaire. J’echange un petit peu avec ce couple qui m’emmene finalement sur une aire de camionneur a la sortie de ce village. Je suis alors surpris a quelle point leur rapport avec moi change entre mon entree dans la voiture et ma sortie. L’homme qui se montrait aux premiers abords un dur a cuire fini par me faire un grand sourire en me sortant mon sac du coffre complete d'une sincere poignee de main ! Voila la vrai nature russe que je percois : pas toujours facile d’acces, mais avec un tresor a y deterrer.

Il reste alors une petite heure avant que le soleil ne se couche. Je suis a 400 km de Irkutsk et je ne me fais pas trop d’illusion pour y arriver cette nuit, n’ayant en plus pas d’endroit pour dormir compte tenu que mon contact via CouchSurfing, s’est desiste. Je fais le tour des camions presents et demande de passer des appels radio. Je me dis qu’au pire, je m’arreterai juste avant la ville ou bien j’y trouverai un coin tranquil pour passer la nuit. Mais sans resultat concluant. Je me fait alors un petit casse croute assis pres d’un restaurant de route. Mais alors que le soleil nous quitte tout juste, je me demande pourquoi ne pas aller tendre le pouce 30 minutes, un peu comme pour passer le temps avant d’aller me coucher.

10 minutes plus tard, un jeune s’arrete et m’annonce qu’il se rend a Irkutsk. Cela me parait tellement dingue que je le fait repeter. Il me previent aussi qu’il devra s’arreter chez un ami quelque minutes en route… Comme si cela pouvait me faire changer d’avis ! Je pars pour Irkutsk !! Le Lac Baikal et la Mongolie se rapprochent a grands pas !!

Nous nous arretons en effet chez son ami qui nous attend avec le the, des legumes, de la charcuterie et du pain. Et on me demande de ne pas faire de maniere mais de manger !

Sur le reste du trajet j’atteins le summum de la conduite russe. Serguei, volant a droite, a 140km/h en pointe, fait rugir son moteur en doublant et en evitant les nids de poules. Le tout sans qu’il utilise sa ceinture de securite, bien entendu… C’est bruyant, sa secoue, et je me demande tres souvent si je ne ferais pas mieux de descendre, juste histoire de rester en vie. Une personne normalement constitue ne resterait pas 10km avec lui, bien qu’il soit adorable avec sa legere timidite. Seulement, apres ces deux semaines de traversee et mes precedentes experiences de stop en Europe, je m’etonne de moins en moins face a certaines conduites.

Je suis moi-meme mal place pour proner les conduites a vitesse reduite (selon l’environnement bien sur). La securite routiere selon moi est d’avantage liee a l’attitude au volant, l’anticipation et les reflexes. A titre d’exemple, jusque la, je me suis senti le plus confiant en tant que passager d’une bonne voiture sur les routes allemandes a 200km/h tandis que c’etait loin d’etre le cas avec un vieux monsieur nerveux dans sa R5 sur les petites routes du Massif Central (France) utilisant son frein a main pour ralentir puisque les autres etaient hors d'usage.

Je suis alors partage entre descendre de la voiture au milieu de nulle part en pleine nuit ou continuer la route en croisant les doigts. A posteriori, je me rends compte a quel point cette question etait simple et je comprendrai les reflexions de mise en garde pour la suite du voyage ; mais sur le vif, tout est different. La fatigue peut jouer ainsi que l’envi d’arriver a destination, d’autant plus que Serguei me propose tres vite de m’heberger ! La notion de danger et de confiance est finalement propre a chacun.

En route quelques conducteurs cingles a n’en plus pouvoir nous doublent et je suis alors rassure de constater que Serguei ne prend pas part a une de ces courses automobiles improvisees.

Nous croisons aussi une voiture fraichement accidentee ou le conducteur est decede. Je suis alors surpris par l’indifference de Serguei tandis que je ne fait pas le fiere au fond de mon siege. C’est en effet pas la premiere fois que je constate cette impermeabilite des emotions de certains russes.

Finalement, apres ce long instant stressant je dois l’avouer, nous arrivons dans la nuit a Irkutsk, ou apres une tasse de the, je m’endort serein dans le lit de Serguei qu’il me laisse tandis qu’il dort sur le canape.

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