dimanche 24 août 2014

24 Aout 2014 : Portes de la Mongolie

Au petit matin, Natacha nous prepare un petit dejeuner consistant et je suis conduit par Ramon a la frontiere. Les terres que je vois a present au loin devant moi sont celles de la Mongolie. La magie de l’instant me saisi. Aurais-je cru en arriver la et de cette manière quand j’ai commence a rever de grands voyages…? Il est bon de temps en temps de s’auto congratuler.

Les adieux sont chaleureux et je me prepare a passer la frontiere a pied de nouveau, mais ce coup ci, ce n’est pas possible. Une femme me propose ses services de taxi et je n’ai malheureusement pas trop le choix.
Des agents fouillent mes bagages en partie et je passe sans trop de probleme et muni de patience, meme si une fois de plus il parait difficilement comprehensible que je puisse voyager a pied.
 
Alors que nous nous appretons a passer la derniere barriere, il semble que les documents de ma chauffeuse ne soient pas en regle. Il lui faut alors 10 minutes pour faire une marche arriere de 100m en zigzagant sans cesse et en grincant de l’embrayage. Apres donc quelques minutes supplementaires, le poste de frontiere est derriere moi. Mon cœur palpite mais la joie ne sera que de courte duree puisqu’un malentendu nait entre la chauffeuse et moi quand au tarif de la course. La somme demande est en milliers de Tugrik (monnaie Mongole 1euro=2400T) et ne m’etant pas renseigne auparavant quant au taux de change, la somme me parait exorbitante. Je tente de negocier mais elle maintien sa position alors que le ton monte. Situation de crise activee : j’ouvre la porte et sors mon gros sac que j’ai alors sur les genoux. La dame attrape le petit et je dois user de la force pour le lui arracher.
Que je suis con ! D’une j’aurais du me renseigner sur la monnaie Mongole, de deux je devais me renseigner correctement sur le tarif de la course et de trois … si je deguerpi maintenant, elle me suivra et appelera du renfort. Je dois donc me resigner a me plier suffisamment pour ne pas avoir les flics aux fesses apres seulement 10 minutes sur le territoire…

Nous rencontrons alors une de ses connaissances qui me donne le taux de change. Ca me coute environ 8 euros ; autant dire que je me fais avoir mais je n’ai eu que de bonnes experiences jusque la, il en faut aussi des mauvaises… Calme et conciliation me seront plus utiles maintenant plutôt que de faire un scandale.

En ce debut d’apres midi, je tends pour la premiere fois le pouce en Mongolie en marchant a travers cette toute petite ville elancee le long de la route principale. Des enfants curieux me suivent a velo et me tournent autour en répétant « hello ! ». Leurs traits de visage changent encore du physique Russe de la region du Lac Baikal. Leur peau est legerement plus foncee et leur yeux un peu plus bride. Notons que bien entendu, la Russie est tellement etendue que les fasies s’ « asiatisent » d’Ouest en Est.

Avant meme d’atteindre la fin de l’agglomération et malgre une circulation quasi absente, je suis pris par un vieux couple jusque la ville suivante, Sukhbaatar, 20km plus loin. Avant de nous separer, ils me proposent des œufs que je prefere refuser par soucis d’une omelette prématurée dans le sac. Le visage de ces personnes est tres touchant. La rudesse du climat pourrait etre lu sur leurs rides ; leur sourire temoigne de leur generosite et leur regard inspire la sagesse. Qui a dit qu’il y avait forcement besoin d’une communication verbale pour decouvrir des personnes… ?

Ici je trouve une serie de moulins a prieres que je fais tourner consciencieusement mais sans pour autant etre bouddhiste. C’est pour moi comme une manière de remercier ma bonne etoile qui m’a suivi jusque la.

30 minutes sur le bord de la route avec une pancarte « Ulan Baatar » en cyrilique (et oui !) m’est necessaire pour qu’une nouvelle voiture s’arrete. On me laisse la place avant tandis que 5 personnes s’entassent sur la banquette arriere. Cette famille se rend a la capitale et les chants mongols du conducteur me mettent de tres bonne humeur, devorant de surcroit les paysages du regard. En route nous embarquons une autre personne jusque Darkhan ou en sortant il donne tout naturellement quelques billets au conducteur. Mince ! Gene mais souhaitant respecter les fondements de l’auto-stop, j’use de la gestuelle pour lui dire que je vais descendre ici aussi. Je ne saurais jamais s’il voulait bien me prendre gratuitement jusque Ulan Baatar mais je prefere que ce doute ne tourne pas plus en ma faveur.

En cette heure tardive, la certitude d’arriver a destination s’estampe ; et je suis en pleine ville. En sortir est maintenant la priorite pour passer la nuit a la belle etoile.

Je marche malgre tout avec ma pancarte a la main alors qu’un homme et sa fille me prennent. Elle, parle suffisamment anglais pour que je lui explique mes intentions. Ils sont d’ici et pour m’aider, ils me deposent sur la route principale, a la sortie de la ville ou est d’ailleurs la gare routiere. En sortant de la voiture, je deviens l’attraction et nombre de personnes me proposent leur service de taxi, qu’ils soient officiels ou non. Seulement maintenant j’ai le meilleur outil possible : une phrase en mongol que la fille m’a ecrite et indiquant ma situation et ma destination. Cette nouvelle traductions complete alors ma collection. La reaction des gens la lisant devient alors tres aussi amusante qu’interessante. Il semble que l’auto-stop inspire plus l’audace qu’autre chose ici ou l’on pratique plutôt le covoiturage. Certains y voient probablement qu’une arrogance occidentale et me rient au nez gentiment. Je souris alors en courbant l’echine. D’autres ne semblent pas refuter le principe, inspires peut etre par la curiosite, comme ces gens qui interpellent pour moi un bus en partance. Le chauffeur lit a son tour ma note et me fait signe de monter. Surpris de l’offre spontanee, je repete a la limite de l’indécence, ne pas vouloir payer. Mais il maintient son offre. Le temps de charger mon gros sac en soute et me voici dans un bus pour quelques 5h de route entoure de personnes ayant paye leur place ; situation paradoxalement assez peu confortable.

J’imagine durant un bon moment que le chauffeur retourne sa veste une fois arrive, mais la fatigue prend le dessus et seuls les portions de tout terrain me reveillent. Lorsque je jette un œil dehors, je discerne a peine le relief du ciel obscure. Je peux oublier ici les halos lumineux dans le ciel et dominant les grandes villes. Quant aux phares des vehicules qui nous doublent ou nous croisent, ils semblent indiquer une route de 200m de large. Mais je fais erreur, il n’y a juste plus de route, seulement une multitude de chemins en terre battue, façonnées par le temps et offrant de spectaculaires nids de poule. Mais a partir de quand un nid de poule devient spectaculaire me direz vous… ? Imaginez donc ; lorsque le bus est tellement penche vous le visualisez se renverser de votre cote et totalement a votre insu, vous verifiez la corpulence de votre voisin de l’autre cote de l’allee, histoire de savoir si sa chute vous sera douloureuse. Bienvenue dans les steppes mongoles !

Vers 1h du matin de ce 25 Aout, nous arrivons a Ulan Baatar, la capitale mongole. J’emerge a peine qu’une jeune femme vient a moi et me demande « Where are you going ? ». A vrai dire, je ne sais moi-même pas vraiment. Je n’ai pas pu verifier le statut de mes demandes d’hebergement sur CouchSurfing depuis longtemps et il est trop tard pour payer une nuit d’auberge dont je ne profiterais pas entierement. Je lui reponds alors vouloir simplement me rendre dans le centre ville pour passer la nuit dans un coin tranquille. Comme elle s’y rend aussi avec sa mere et son fils, elle me propose alors de partager un taxi ; que j’accepte, toujours endormi et les yeux colles.

En route nous discutons un peu pour en savoir d’avantage sur l’un et l’autre. 10 minutes de trajets plus tard, Uka, traductrice mongole – anglais, m’invite a dormir chez elle cette nuit, me permettant de trouver un autre toit tranquillement demain. Quel rebondissement ! Quel bonheur ! J’ai bien fais de tourner les moulins a prieres tout a l’heure !!

Je recois une visite de son appartement puis, hâté par l’heure tardive, Uka m’invite a dormir sur le sofa quand elle, sa mere et son fils prennent place dans le lit de la chambre. 

Aujourd’hui, j’ai atteint la Mongolie en auto-stop depuis la Belgique et par L’Allemagne, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie et la Russie. C’est faisable, sachez-le, et ceux qui le tenteront ne le regretteront pas. Pour ma part, c’est a ce jour la plus merveilleuse chose qui m’est été donne de Vivre, et par ces mots, j’envois mes plus sinceres et chaleureux remerciements a toutes les personnes qui sont intervenues dans cette aventure qui est a present aussi la leur.

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