lundi 18 août 2014

18 Aout 2014 : Lac Baikal


 












La nuit fut humide et il a fait si bon que l’utilisation du sursac impermeable a été de trop. Il semble en effet avoir retenu plus d’humidite de l’interieur par condensation que depuis l’exterieur. Je tente alors de faire secher la bache, le duvet et le sursac mais rien y fait. Les rayons du soleil a 7h du matin ne suffisent pas. Je devrais faire secher tout ca plus tard et si possible avant de commencer la rando car l’humidite contenue alourdi d’avantage mon sac.

 Au moment de refaire mon sac, un vieil homme empruntant le sentier me salut chaleureusement, visiblement surpris de ma presence, tout comme je le suis de lui finalement.

Je rejoins alors la route afin de tendre le pouce et rencontre un autre vieil homme dans sa fourgonnette me proposant de m’emmener jusque Baikal’sk. Sur la route, compte tenu d’une communication limitee, je joue au contemplatif pour attendrir mon conducteur. Penche en avant, les coudes sur les genoux et la tete en girouette a puiser le maximum de ce paysage unique. J’ai déjà utilise cette technique bien souvent et elle a toujours fonctionne. Dans le cas contraire, sortir l’appareil photo !

Ici, je ne m’attendais pas a de telles montagnes meme en ayant analyse les courbes de niveaux de ma carte. Je commence alors a devenir dubitatif quand a cette rando compte tenu de la masse de mon sac.

Je suis aussi surpris par la taille des rivieres que nous traversons et arrivant tout droit des cimes. Sur les derniers kilometres et pour laisser une bonne impression j’essais de demander a mon conducteur par les gestes si la peche est bonne dans ces rivieres. En faisant un peu l’idiot j’obtiens son sourire. C’est gagne !

Une fois depose, je marche a nouveau vers la sorti de la ville en tendant le pouce mais une barriere entre la route et le trottoir ne me s’implifie pas la tache si bien que 30 minutes plus tard, j’y arrive toujours pieton. Apres un nouveau bon moment de patience, un vieux monsieur veut m’aider en m’expliquant qu’il va me conduire a la gare (je parle bien sur de mon interpretation de son russe et ses gestes). A la limite pourquoi pas, me dis-je. Le stop c’est merveilleux mais le transiberien c’est aussi quelque chose !

Je me laisse donc entrainer de la meme manière qu’avec Nastya et Olga hier matin. Plus loin, il me confit a une femme alors qu’il se rend ailleurs. Nous continuons de descendre le sentier quand je suis surpris de passer sous la voie de chemin de fer. Apres 15 minutes de marches, nous arrivons a une gare routiere ou des mini bus sont stationnes. La femme me dirige vers l’un d’eux mais ils semblent qu’il y ai un hic. Une des passageres qui patientent a l’exterieur m’assaille en russe a 20cm du visage et semble vouloir me faire comprendre que je ne peux pas emprunter ce bus, faisant naitre en moi un sentiment d’ostracisme attise par la barriere de la langue.

Face a cela, riposter ne servirait a rien. Je prefere sourire et continuer a passer une bonne journee. Je tente juste de m’adresser au chauffeur en lui tendant de l’argent pour le billet mais il semble déjà avoir pris le parti de ses clients en m’ignorant.

Voila quelque temps que je n’avais pas rencontre de cons, au sens de Serge Reggiani dans sa chanson Le Temps qui Reste que j’estime enormement : « J’ai tant de gens a voir (…) des tres intelligents et des cons. C’est drole les cons, ca repose. C’est comme le feuillage au milieu des roses ».

Je dois maintenant retourner a mon precedent spot de stop en perdant 45 minutes de cette precieuse journee. En route, la precedente situation tourne en boucle dans ma tete et je m’efforce de trouver d’autres interpretations moins negatives que de premier abord ; telle qu’est construite ma philosophie. Peut etre mon sac est-il trop gros…

Le pouce de nouveau tendu, je tombe rapidement sur Alex dans son pick up qui part travailler a Ulan-Ude, laissant l’idee de l’accompagner sur la route de la Mongolie, traverser mon esprit. Mais j’ai encore beaucoup trop a decouvrir dans ces contres pour partir si vite. Compte tenu de son bon niveau d’anglais, je n’echappe pas a la presentation de mon voyage et je suis de nouveau touche par l’interet qu’il y porte et ses encouragements.

Je pense en fait ne pas me rendre compte de l’ampleur finale (et j’insiste sur le « finale ») de ce voyage. Je mesure en effet l’intensite de chaque moment, chaque rencontre, chaque decouverte de culture, chaque degustation de mets locaux ; mais le fait de ne pas encore penser a mon retour, m’empeche de visualiser mon voyage dans sa finalite.

Un autre facteur entre selon moi en jeu, l’adaptation. Mieux elle se passe, moins on se sent a l’etranger. Mais cette sensation est personnelle.

Quand mon entourage me vois a l’autre bout du globe dans un environnement inconnu, je vois mon petit train-train de vie, habitant du monde. Voila pourquoi j’ai toujours l’impression que les reactions des gens quant a mon voyage sont toujours demesurees.

En route, Alex qui connait la region me parle de la vallee que j’ai choisi. Et ca semble pas mal du tout ! Il se rend d’ailleurs de temps en temps au lac que je vise pour pecher. Il me parle aussi d’un service de transport pour se rendre a 5km du lac… en hydroglisseur !

En repensant au chargement de mon sac qui ferait mieux d’etre encore un peu complete, j’imagine que cela pourrait etre une bonne alternative a juger au prix. Il m’emmene alors au quai d’embarquement afin de voir ca de plus prêt. C’est en effet un bel engin mais a 60 euros la course, c’est vite regle ! Je ferai la route a pied ! Avant de me laisser, Alex m’emmene dans un commerce de quartier ou je complete mes provisions de pain et saucisson, des valeurs sures !

En ce debut d’apres midi, j’ai une demi-journee de retard sur le programme et je suis charge comme une mule. Depuis le debut du sentier, rive droite de la riviere, je contrôle frequemment l’heure, la boussole et tente de me localiser sur la carte en vue d’estimer mon avancement. Mais celui-ci s’apparente lent, trop lent et trop charge pour un tel objectif. Je me resilie donc a garder un œil sur les bords de riviere que je longe de prêt ou de loin afin d’y installer mon campement.

Apres 1h30 de marche ou je me ravitaille frequemment en sucre avec des framboises de bois, j’arrive sur un bord de riviere qui m’inspire enfin. Face a moi, une ile etendue d’une centaine de metres et d’une dense vegetation s’impose au milieu d’une etendue de galets d’ecrivant au premier plan un bras secondaire de riviere d’un niveau actuellement tres bas et que je traverse aisement pour atteindre la pointe amont de l’ile. Celle-ci semble d’ores et déjà tres interessante pour bivouaquer. De l’autre cote, la riviere principale brasse un volume d’eau considerable avec ses 30 ou 40m de large et compte tenu de l’environnement, je considere son eau potable (comme tres souvent en randonnee et sans aucun probleme). Je trouve aussi du bois flotte partout, du tronc a la petite brindille, de quoi alimenter des feux de camp sans limite. Je pose alors mes affaires et pars en reperage autour de l’ile. Pendant 30 minutes, tous les elements sont pris en compte : ensoleillement, qualite du sol, zone innondable ou venteuse, proximite du bois flotte ; tout en m’eloignant de la ligne a haute tension qui traverse la riviere au niveau de la pointe avale de l’ile.

 

 


Je retiens finalement une petite zone de sable de la taille d’un couchage au milieu de galet, a 30m de la riviere principale et expose plein Sud proche du flanc de l’ile.

Je joui, en ce milieu d’apres midi, de ne pas avoir a installer mon campement au plus vite, m’autorisant ainsi un instant de detente. Je pars alors a la chasse aux vers de terres et installe des lignes de peche en esperant un festin de soiree. Mais la puissance du courant et la meconnaissance du lieu m’empeche de sortir quoi que ce soit de l’eau.

Il est ensuite temps d’agir plus serieusement en construisant un etandage a linge que j’utilise de suite pour le sac de couchage et le reste des affaires encore humides de ce matin. Vient enfin la preparation de l’abri avec les batons de marche et la bache en cas de pluie, le poncho, le matelat et en ayant pris soin de faconner la bande de sable au prealable pour epouser la forme du dos. Demain, je pourrais consacrer la journee si je le souhaite a agencer différemment et plus solidement mon campement qui s’annonce déjà confortable.

En fin de journee, je prepare le feu, le diner, le couchage et c’est avec une tasse de thé que Nikolay m’avait offert a Kazan, que j’accueille la nuit des plus paisiblement sur un fond de clapotis de la riviere.

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